• Chapitre 4

    Samedi 23 janvier 2009, 13h05, commissariat de police de Westminston, bureau du l'agent Bory.



    L'agent Ïga Bory se tenait debout devant sa fenêtre, regardant les hautes tours qui surplombaient la ville. Elle aurait aimé avoir un paysage de vallées ensoleillées, de cascades et de champs de tournesols. Mais elle avait eu le droit à des tours d'acier. Oh, bien sûr, elle était consciente qu'elle n'aurait que ce paysage sinistre en vue, quand elle avait accepté de venir travailler dans le commissariat de Westminston. Mais elle regrettait amèrement les fabuleux décors de sa Hollande natale.

    Ïga Bory était une grande femme, mince, les cheveux coupés au carré, châtains, portant toujours des chemises blanches sous un veston bleu ou une veste en cuir marron. Elle se déplaçait toujours avec élégance et délicatesse. On aurait dit un chat. Ou une panthère. Ses collègues spéculaient encore sur le félin qui la représentait au mieux. Elle avait de longues jambes très fines et musclées. Ses poignets aussi étaient fins et semblaient pouvoir être brisés si elle les bougeait trop brusquement.

    Car brusque elle l'était. Elle avait une force incroyable et s'amusait beaucoup à courir après les suspects, meurtriers, voleurs et autres malfrats. Elle se jetait sur eux avec joie et leur plaquait les bras dans le dos avec force. Elle était légèrement sadique d'après ses collègues, mais elle aimait ça.

    C'est alors que quelqu'un frappa à la porte du bureau d'Ïga, l'arrachant à ses pensées. Elle sursauta puis se retourna vivement, surprise que l'on vienne la voir à l'heure du déjeuner. Habituellement, tous les agents se retrouvaient au restaurant qui se trouvait en face du commissariat. Elle pensait être toute seule dans le bâtiment. Parfois même, quelqu'un fermait la grande porte à clé et elle se retrouvait coincée à l'intérieur.

    Elle cria à la personne d'entrer, pressée d'être seule à nouveau. C'était Annie, la secrétaire du commissariat. Elle était penchée derrière la porte, laissant voir uniquement son visage rond, ses lunettes rouges et sa tignasse rousse. Elle tenait un téléphone serré contre sa poitrine, afin de masquer les bruits de la conversation à l'interlocuteur, et regardait Ïga d'un air gêné, sachant qu'elle la dérangeait un petit peu.

    « Hum... Agent Bory, c'est une certaine Alésia Sting. Elle appelle parce que sa fille est partie dans la forêt de Mira ce matin et qu'elle n'est pas revenue. La dame et son mari l'ont appelée pendant une heure, en parcourant les bois, sans réponse. Elle demande si vous pouvez venir avec une équipe pour ratisser la forêt et les rues alentours.

    - Passez-la-moi Annie, s'il vous plait.

    - Oui, bien sûr. »

    Ïga s'empara du téléphone et se mit à faire les cent pas pendant qu'elle discutait avec Mme Sting. En se tournant, elle vit Annie s'éclipser en refermant discrètement la porte derrière elle.

    « Mme Sting ? Alésia Sting ?

    (Alésia ! quel drôle de prénom... remarque, Ïga ce n'est pas vraiment mieux...)

    - Oui. Oui c'est moi, répondit Alésia d'une voix étrange et étouffée.

    (elle pleure ou elle rigole ?)

    - Mme Sting votre fille est perdue dans les bois c'est bien cela ?

    (OK, elle pleure. parents indignes ! laisser une gosse toute seule dans la forêt de Mira...!)

    - Oui. Elle est partie dans les bois ce matin et elle n'est pas rentrée. On est parti la chercher, mon mari et moi, on l'a appelée mais rien. Aucune réponse.

    - Quel âge à votre fille ?

    - 6 ans madame.

    - Comment s'appelle-t-elle ?

    - Ahénolïa. Ahénolïa Sting.

    (oui merci, je me doute que son nom de famille est Sting... Ahénolïa... c'est vraiment une manie apparemment dans cette famille...)

    - Mme Sting, vers quelle heure est-elle sortie dehors ?

    - Je ne sais pas... *Chéri vers quelle heure est-elle sortie ? **J'en sais rien moi ! Vers 9h !* Vers 9h madame.

    - D'accord, merci madame Sting. J'aurai besoin du numéro et du nom de votre rue, s'il vous plait.

    (j'espère qu'elle ne va pas me répondre « Centre de désintoxication de Westminston, chambre 27 »...)

    - 12 rue des Colombes.

    (merci, mon Dieu...)

    - D'accord, merci madame, je vous envois une équipe. Elle devrait arriver dans... une quinzaine de minutes je pense. Vous devriez attendre chez vous, le temps que nos agents arrivent.

    -Oui. D'accord. Merci. »

    Ïga raccrocha et sortit de son bureau pour se rendre dans celui d'Annie, afin de lui rendre son téléphone. Lorsqu'elle y entra, il n'y avait personne.

    (sûrement au resto...)

    Elle reposa donc le téléphone et ressortit pour retourner à son bureau. Elle s'assit et mangea les deux sandwichs qu'elle avait achetés pour midi, histoire d'éviter de devoir aller au restaurant avec les autres.

     

     Ïga Bory n'était décidément pas une femme que l'on pouvait qualifier de « très sociable ».


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