• Mardi 26 janvier 2009, 09h47, ville de Westminston.

     

    Kurt et Irvy sortirent de leur voiture et mirent leur main en visière. Ils essayaient tous deux de lire le nom des magasins qui se trouvaient dans ce quartier. Ce jour là le soleil était aveuglant

    Westminston était construite selon une logique aberrante. Les deux hommes étaient debout dans un quartier où se trouvaient cinq magasins de voiture. Le quartier suivant contenait sept magasins de vêtements. Chaque quartier était spécialisé dans quelque chose et les vendeurs se faisaient constamment la guerre à cause de cette proximité. Ils usaient parfois même de techniques totalement folles pour attirer les clients.

    Berhzo et Spitz se dirigèrent donc vers le premier magasin : Walker Rover. Un magasin qui vendait principalement des Ranger Rover, et parfois d'autres marques.

    Ils entrèrent et se dirigèrent tout droit vers l'accueil, où se trouvait un homme barbu, coiffé d'un chapeau de cowboy.

    « Bonjour messieurs.

    - Bonjour. Agents de police, dit Spitz en montrant sa plaque, nous souhaiterions parler au propriétaire du magasin.

    -Vous l'avez d'vant vous ! J'ai fait quelque chose de mal ?

    -Non, monsieur. Nous souhaiterions juste savoir si vous avez déjà vendu des Citroën C5 Break.

    - Cette année ?

    - Depuis que votre magasin est ouvert.

    - Non, pas qu'je sache ! Je ne vends que des Range Rover et des Audi parfois, mais c'est rare. Rien d'autre messieurs !

    - D'accord, merci. Nous ne vous dérangerons pas plus longtemps alors.

    - De rien ! J'espère que vous trouverez votre C5 ! »

    Les deux agents sortirent du magasin pour se rendre dans celui attenant à Walker Rover. Ils firent ainsi le tour de trois autres magasins de voitures sans trouver de Citroën C5, ou alors ils tombaient sur des boutiques qui n'en avaient pas vendues depuis plus de 70 ans. Trop vieux pour leur suspect.

    Ils entrèrent donc dans le cinquième magasin de la ville et allèrent voir le premier vendeur qu'ils trouvèrent.

    « Excusez-moi, monsieur, dit Berhzo en montrant sa plaque, nous cherchons le directeur de ce magasin.

    - Oui bien sûr je vais le chercher.

    - Merci.

    Le petit vendeur alla derrière le comptoir de l'accueil et disparut derrière une porte. Il en ressortit quelques secondes plus tard avec un homme bedonnant, en costume-cravate.

    - Bonjour messieurs. Vous me cherchiez ?

    - Oui, bonjour monsieur. Agents Berhzo et Spitz, commissariat de Westminston. Nous voudrions savoir si vous aviez déjà vendu des Citroën C5 Break.

    - Oui, mais il y a une bonne quinzaine d'années..

    - Vous avez toujours le nom des personnes qui les ont achetées ?

    - Oui, je les garde toujours pendant vingt ans.

    - Vous pourriez nous les montrer ?

    - Bien sûr, suivez-moi. »

    L'homme entraîna Berhzo et Spitz derrière le comptoir de l'accueil et leur ouvrit la petite porte par laquelle il était arrivé. Il attrapa un petit escabeau, monta dessus et prit un dossier, tout en haut d'une étagère.

    Il le tendit ensuite aux deux agents. Spitz le feuilleta et alla à la liste des Citroën C5 vendues depuis quinze ans. Il regarda tous les noms mais aucune de ces personnes n'habitaient là. Elles étaient toutes décédées. Westminston n'était pas une très grande ville et chaque fois qu'un habitant mourait, tout le monde le savait. Il rendit donc le dossier au directeur du magasin, le remercia et sortit de la boutique, avec Berhzo.

    « On fait comment maintenant ? demanda Berhzo.

    - On n'a plus qu'à aller voir dans les villes alentours...

    - Faire tous les magasins de chacune des villes ?

    - C'est la seule solution que nous ayons...

    - Bon... Alors en route, on a toute la journée de toute façon... »

    Kurt et Irvy remontèrent dans leur voiture et se dirigèrent vers la ville la plus proche.

    Ils passèrent ainsi toute leur journée à faire le tour des magasins. Ce n'est qu'au bout du seizième magasin visité qu'ils trouvèrent une liste de personnes ayant acheté une Citroën C5 Break il y a moins de dix ans, et que ces acheteurs étaient vivants.

     

     Malheureusement pour eux, il n'y avait que le nom de deux personnes sur cette liste : Ïan Hirvy et Ïga Bory. 


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  • Mardi 26 janvier 2009, 19h41, maison de Ïan Hirvy/L'homme au chapeau, cave de la maison.



    Ïga avait été détachée par le petit garçon qui lui avait parlé hier. Il lui avait défait ses liens et elle avait enfin pu enfiler le tee-shirt apporté par Ïan. Cela la dégoûtait de mettre les vêtements de son ex-collègue. Car elle ne le considérait plus comme faisant partie de son équipe. Quand elle sortirait d'ici, elle ne travaillerait plus jamais avec lui. Ce serait fini. Il irait en Enfer et elle pourrait vivre en paix.

    Mais pour le moment elle devait faire avec. Dès qu'elle eut fini d'enfiler le vêtement, elle alla détacher Ahénolïa de sa table métallique, avec l'aide du petit garçon.

    Ïga avait ensuite été éteindre la télévision ainsi que le magnétoscope. Ces trois répliques incessantes commençaient réellement à lui taper sur le système.

    Tous les enfants la regardaient avec de grands yeux étonnés. Certains n'avaient pas l'habitude de voir l'un des leurs se rebeller, se détacher, éteindre le film. Et surtout, aucun d'eux n'avait l'habitude d'être enfermé avec un adulte autre que Ïan, L'homme au chapeau, Le monstre... peu importe son nom.

    Elle les avait ensuite tous fait se réunir en cercle et les avait rassurés.

    « Ne vous inquiétez pas. Je suis policière les enfants, et les personnes qui travaillent avec moi vont bientôt nous trouver. Elles vont nous sortir d'ici et on ne reviendra plus jamais dans cette maison. D'accord ?

    - Mais madame... Il nous retrouvera aussi Le monstre... dit une petite fille brune.

    - Non. Il ne nous retrouvera jamais, je vous le promets.

    - Comment vous le savez ? demanda le petit garçon qui avait détaché Ïga et Nolie.

    - Parce que Le monstre sera envoyé en prison pour toujours et il n'en ressortira jamais. Ils ne le laisseront pas sortir. »

    Ïga savait que Ïan serait probablement condamné à la chaise électrique, mais elle ne le dit pas aux enfants, par peur de les brusquer. La peine de mort était encore pratiquée à Westminston, mais seulement pour les violeurs, les kidnappeurs et les tueurs en série. Et Ïga

    était bien contente que ce soit le cas de Ïan. Elle n'avait pas honte de le penser. Elle savait de quoi il était capable, s'il était réellement comme son père.

    C'est alors qu'il arriva dans la cave. Il ne fut pas surpris de voir Ïga et Ahénolïa détachées de leurs liens. Cependant, il resta à l'écart d'elles, sur les marches, sachant de quoi était capable Bory, et connaissant sa force. Celle-ci se rendit compte de sa méfiance et en profita.

    « Alors Ïan, je te fais peur ?

    - Toi ? Me faire peur ? Laisse-moi rire Ïga ! Dans quelques jours tu seras probablement morte de faim.

    - Tu descends chaque soir pour nous donner à manger...

    - Oui eh bien c'est fini maintenant.

    - Quoi ?!

    - Les enfants et toi n'aurez plus rien. J'ai compris que Berhzo et Spitz pourraient bien me retrouver. Alors autant te regarder mourir de faim avant de quitter la ville...

    - Mais... TU NE LAISSERAS PAS CES ENFANTS MOURIR !?

    - SI ! Et maintenant arrête de crier Ïga Bory, tu auras sûrement besoin de ta salive pour t'hydrater. Parce que je ne vous apporterai plus d'eau non plus. Et je vous regarderai crever à petit feu, lentement, et je m'en délecterai.

    - Tu... tu...

    - Je suis un monstre, une horrible personne, affreusement cruelle et sans scrupules, je suis un sadique... Oui je sais déjà tout ça Ïg', mais merci à toi de me le rappeler. Sauf que, vois-tu, j'aime ça ! Au fait, il est 19h59. dit-il en regardant sa montre. Et c'est la dernière fois que je te donnerai l'heure... et le jour. Bonne nuit les enfants ! Bonne nuit Ïga... Au fait, j'adore dormir avec ta chemise...

    Ïan remonta les marches, ferma la porte de la cave à clé et alla dans sa cuisine afin de se faire à manger.

    - J'espère vraiment que vos collègues vont bientôt arriver madame, parce que sinon je n'ose même pas imaginer comment tout ça va finir... dit numéro 3, à Ïga.

    - Je l'espère aussi numéro 3... »

     

     Ïga soupira. L'espoir avait définitivement quitté son corps et elle ne voyait pas comment ils pourraient s'en sortir, à moins que Berhzo et Spitz soient frappés par une illumination...


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  • Mercredi 27 janvier 2009, 08h03, commissariat de police de Westminston, laboratoire.



    L'analyste du laboratoire, Mary Quint venait d'entrer dans son lieu de prédilection. Elle se dirigea vers son ordinateur et vit que les résultats pour la salive trouvée sur le rouleau de Chatterton étaient prêts. Elle cliqua donc sur le bouton ''imprimer'' et se dirigea vers la photocopieuse afin de récupérer les feuilles.

    Elle revint au labo et étala les résultats sur la table métallique, comme elle avait l'habitude de le faire à chaque fois. Mais cette fois-ci, ce qu'elle lut ne la laissa pas de marbre...

    Elle sortit du laboratoire en trombe, ses résultats coincés sous le bras, et partie en courant vers le bureau de Kurt Berhzo. Elle frappa prestement à la porte et l'homme lui ouvrit, surpris. Elle entra, essoufflée, et étala fébrilement les feuilles sur le bureau.

    « Ça y est, j'ai eu les résultats !

    - Ah tant mieux ! souffla Berhzo.

    - Hum... Ne vous réjouissez pas trop vite Kurt...

    - Pourquoi ?

    - Ce que vous allez lire va... vous surprendre.

    - Vraiment ?

    - Oui. »

    Berhzo se pencha sur le bureau et examina les feuilles. Spitz, qui venait d'entrer à son tour dans le bureau de son collègue, lut par-dessus l'épaule de ce dernier. Plus ils avançaient dans leur lecture et plus leurs yeux s'agrandissaient d'étonnement, de stupeur et d'incompréhension.

    « Non... murmura Spitz.

    - Je suis désolée les garçons mais les résultats sont incontestables... Je n'ai pas d'autre explication. Je pense que vous devriez aller faire un petit tour chez Ïan. Pour au moins essayer de comprendre...

    - Oui... on va... on va aller voir Ïan. Il aura sûrement une explication. Et on pourra reprendre notre enquête.

    - OK. Désolée les gars. J'espère vraiment qu'il y a eu méprise. Vous m'en direz plus..?

    - Oui, on t'appelleras Mary. »

    Berhzo et Spitz sortirent du bureau et allèrent dehors prendre l'air. Après s'être appuyés cinq bonnes minutes contre un mur du bâtiment afin d'encaisser la nouvelle, ils se dirigèrent vers la Range Rover de Berhzo, s'y engouffrèrent et se dirigèrent vers la maison de leur collègue.

    Il y avait forcément une explication, se disaient-ils.

     

     Il y avait forcément une explication... 


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  • Mercredi 27 janvier 2009, 11h23, maison de Ïan Hirvy/L'homme au chapeau, devant la porte d'entrée.



    Kurt et Irvy sortirent de leur voiture et remontèrent l'allée qui menait jusqu'à la porte d'entrée de la maison de Ïan. Aucun d'eux ne voulait frapper à cette porte, redoutant ce que leur collègue pourrait leur dire, une fois à l'intérieur.

    « Hum... Kurt...

    - Oui ?

    - Tu sais... Je... je pense qu'il vaudrait peut-être mieux qu'on sorte nos armes... proposa Spitz.

    - Quoi ?!

    - Je sais que c'est notre collègue mais... imagine que... qu'il n'y ait pas eu d'erreurs dans les résultats... si... si c'est vraiment lui... il vaut mieux ne pas prendre de risques.

    - Oui, tu as raison. Mais... si c'est vraiment lui... Alors, Ïga...

    - J'espère de tout cœur qu'elle est chez elle, dans son lit, en train de se reposer.

    - Oui... j'espère... »

    Les deux agents sortirent leur arme de service et Irvy frappa à la porte. Trois petits coups secs. Ils entendirent des bruits de pas provenants de l'intérieur, une pause, puis à nouveau des bruits de pas, se rapprochants. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrait. Kurt et Irvy levèrent leurs armes et les pointèrent sur Ïan, dès qu'il ouvrit la porte.

    Ce dernier avait également une arme à la main et tira dès qu'il aperçut ses collègues. L'une des balles toucha Berhzo au bras. Spitz tira juste après et toucha Ïan à l'estomac. Il tomba à terre et commençait déjà à se vider de son sang. Mais il était encore vivant et Irvy s'agenouilla près de lui.

    « Où est-elle ?!

    - Qui ça... ?

    - Ahénolïa !

    - Tu ne cherches que Nolie ? Ce n'est pas très gentil pour les autres...

    - Quels autres ?

    - A ton avis, où est ta chère collègue ?

    - Ïga... OÙ EST-ELLE ? OÙ EST ÏGA ? se mit-il à hurler.

    - Mystère mon cher Spitz... Toi et ta grande faculté de déduction devraient pourtant la trouver... Quel dommage que vous soyez arrivés si tôt... J'avais l'intention de les faire mourir de faim... ou de soif.

    - Espèce de...

    - Spitz, pas d'insultes s'il te plaît... Tu viens de me tirer dessus. »

    Spitz se releva et se rua à l'intérieur de la maison, laissant Ïan et Kurt dans l'entrée. Il cria le prénom de sa collègue, et l'entendit lui répondre.

    « ÏGA ! OÙ ES-TU ?

    - Dans la cave ! Près de l'escalier ! La porte en bois !

    Irvy se tourna dans cette direction et enfonça la porte. Il dévala les marches à toute vitesse et arriva en bas, dans la cave. C'est alors qu'il aperçut Ïga, assise par terre, dans un coin de la pièce, entourée d'enfants.

    - Oh mon Dieu...

    - Irvy...

    Ïga s'évanouit de soulagement en le voyant, exténuée de n'avoir pas dormit de la nuit, commençant à être déshydratée. Spitz courut vers elle et la prit dans ses bras. Huit. Huit enfants étaient également enfermés, entourant Ïga.

    - Je reviens vite vous chercher les enfants, d'accord ? N'ayez pas peur, je suis un ami d'Ïga, leur dit Spitz en les voyant.

    - On vous croit monsieur. Mais est-ce qu'elle va bien cette dame ? demanda une petite fille blonde aux yeux verts, en montrant Ïga.

    - Ne vous inquiétez pas ! Je reviens vite !

    Spitz remonta les marches en courant, Ïga dans ses bras, et ressortit de la maison. Il ouvrit la portière arrière de la voiture de Kurt et déposa la jeune femme sur la banquette arrière.

    - T'inquiète pas Ïg' ! Ça va aller !

    Il sortit son téléphone et composa le numéro du commissariat. Après deux sonneries, quelqu'un décrocha.

    - Commissariat de police de Westminston, j'écoute.

    - Ici l'agent Irvy Spitz. Je suis chez l'agent Ïan Hirvy, au 6 rue des Châtelles. J'aurais besoin d'une ambulance, j'ai deux blessés, peut-être plus.

    - D'accord je vous l'envoie tout de suite !

    - Faites vite !

    Irvy raccrocha, rangea son téléphone dans sa poche et retourna à l'intérieur de la maison. Mais lorsqu'il passa près de la cuisine, quelque chose attira son attention : Ïan avait mis le feu à trois chaises avant d'aller leur ouvrir. Et les flammes s'étaient répandues à une autre chaise ainsi qu'à la table de la cuisine. Irvy courut donc à la cave et dévala les marches.

    - Les enfants vite ! Levez-vous !

    - Certains ne peuvent pas marcher monsieur.

    - Combien ?

    - Quatre.

    - Les quatre qui peuvent marcher vous me suivez, d'accord ? Je vais prendre deux autres dans mes bras ! »

    Irvy s'approcha des enfants et prit deux petites filles brunes dans ses bras. Il intima à ceux qui pouvaient marcher de le suivre et ils remontèrent les marches avant sortirent de la maison. Irvy leur ouvrit la portière de la voiture et les six enfants entrèrent tous dedans. Heureusement, la voiture de Kurt était grande et ils purent tous y pénétrer. Entre temps, Ïga s'était à moitié réveillée, s'était assise sur la banquette et avait ouvert une fenêtre.

    Irvy retourna à l'intérieur, redescendit à la cave et prit dans ses bras les deux derniers enfants, une petite fille rousse et une autre, blonde. Il remonta les marches de la cave mais le feu barrait à présent le passage jusqu'à la porte d'entrée. Irvy fit donc demi-tour et pivota trois fois sur lui-même avant de voir la porte qui donnait accès au garage.

    Il l'ouvrit et sortit dehors. Du jardin, il put voir que Ïan avait également mis le feu à l'étage. Il contourna toute la maison et arriva dans l'allée menant à la porte d'entrée.

    Il amena les enfants jusqu'à la voiture et les fit monter dedans. C'est alors qu'il entendit les sirènes de l'ambulance, au bout de la rue. A ce bruit, les voisins furent tous alertés et sortirent dans leurs jardins.

    Irvy fit signe aux ambulanciers et ils se garèrent devant la voiture de Kurt.

    « J'ai quatre enfants qui ne peuvent plus marcher, une personne à moitié évanouie et un blessé. Enfin, deux.

    - D'accord. On va s'occuper des blessés en premier.

    - L'un d'eux est le criminel.

    - OK.

    Les ambulanciers se dirigèrent vers Kurt et Ïan et les amenèrent dans l'ambulance, grâce à des civières.

    - Messieurs !

    - Oui ?

    - Les enfants qui ne peuvent pas marcher ne pourront pas aller dans la même ambulance que le coupable. C'est lui qui les a enlevés...

    - D'accord. Vous avez assez de place dans votre voiture pour tous les emmener à l'hôpital ?

    - Je pense oui.

    - Alors suivez-nous. »

     

     Irvy monta dans la voiture de Berhzo et démarra. A l'arrière, Ïga était à nouveau évanouie et les enfants ne faisaient pas un bruit. Spitz roula jusqu'à l'hôpital, derrière l'ambulance... 


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  • Vendredi 31 janvier 2009, 13h27, sur un banc du parc Langley, en face du commissariat de Westminston.



    « Au final il nous a tous bien eus, soupira Ïga. »

    Ïga Bory et Simönn Jarvy étaient assis côte à côte sur un banc en bois, en face de la fontaine. Deux jours après que Kurt et Irvy l'eurent retrouvée, Ïga était toujours aussi tourmentée de n'avoir rien vu venir. Simönn, qui avait eu confiance en Ïan pour aider Ïga à surmonter ses cauchemars, était aussi déboussolé qu'elle. Lui, le psychologue qui établissait les meilleurs profils psychologiques de toute la région, n'avait rien vu arriver.

    « Je crois bien que oui, lui répondit Simönn. Mais tant pis.

    - Quoi ?!

    - Il va mourir et on sera tranquille. Enfin apaisés. Détruits pour toujours, mais ensemble. Et c'est tout ce qui compte...

    - Tu sais pourquoi il m'avait enlevée ?

    (…)

    - C'était prévu. Il ne m'avait pas invitée chez lui pour rien. Il voulait profiter de moi. Se servir de moi, pour raviver son passé. C'est son père qui m'avait enlevée quand j'étais petite. Mais quand il a été condamné à mort, Ïan a eu dans la bouche un arrière goût d'inachevé. Son père n'avait pas totalement réussi sa tâche. Alors Ïan s'était promis de le venger et d'achever son but. Il n'avait pas pensé que j'entendrais Ahénolïa. Mais il pensait me droguer pendant la nuit. Me porter jusqu'à la cave et m'attacher comme il l'a fait. Au final, la quasi-totalité de son plan a réussi. Sauf pour ce qui est du dénouement.

    « Mais c'est du pareil au même. Parce qu'il a embrassé mes cicatrices, pendant que je dormais. Les cicatrices que son père m'avait faites en mutilant mon corps avec son vieu couteau de chasse entièrement rouillé. Je l'ai su en descendant en bas, tandis que j'allais me servir un vers d'eau. Juste avant d'entendre les enfants. En descendant les marches, j'ai senti quelque chose d'humide sur ma peau. J'ai passé mes doigts sur chacune de mes cicatrices. Et c'était comme si ses lèvres m'avaient marquée au fer rouge. Comme si je pouvais sentir chacun de ses baisers sur ma peau avec toute l'ardeur qu'il avait mis à se délecter des marques laissées par son père. Et moi je n'en avais rien su. Parce que je dormais, tout simplement. Rien n'arrive quand il le faut avec moi. Parce que si je m'étais réveillée à ce moment-là, si j'avais senti ses lèvres sur mon corps, je l'aurais arrêté immédiatement. Je ne serais pas descendue boire un verre d'eau, tout simplement parce que je serais partie de la maison dès qu'il se serait endormi. Et alors...

    - Alors Ahénolïa et tous les autres enfants seraient probablement morts dans cette cave et Ïan serait toujours vivant. Alors, l'enquête sur la disparition de cette petite fille aurait sûrement tourné en rond pendant longtemps, avant d'être oubliée, comme celles qui avaient été ouvertes pour les autres enfants qui étaient dans cette cave.

    - Oui, tu as sûrement raison.

    - Rien n'arrive pas hasard Ïga... Nous voilà comme deux idiots, assis sur un banc à se geler les doigts de pieds depuis 3 heures en ravivant nos vieux Démons. Mais à ton avis, pourquoi est-ce que je ne me suis pas levé pour te proposer d'entrer dans le bâtiment et discuter au chaud.

    - Je ne sais pas.

    - Toi, non... mais moi je le sais. »

    Simönn se leva avant de poser un genou à terre et de sortir un petit coffret en velours de la poche de son manteau.

    - Ïga Bory... veux-tu m'é...

     

     - Oui... oui, je le veux de tout mon coeur. »


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