• Chapitre 15

    Dimanche 24 janvier 2009, 18h32, maison de « L'homme au chapeau ».



    Quand Ahénolïa ouvrit les yeux, elle ne vit, tout d'abord, rien. L'homme au chapeau avait laissé les volets de la chambre fermés et la pièce était plongée dans le noir.

    Elle savait qu'il était passé plus tôt, probablement pour vérifier qu'elle dormait. Alors qu'elle se frottait les yeux, la porte de la chambre s'ouvrit et les volets aussi. Et il entra.

    « Alors, Nolie ? Bien dormi ? Tu n'as toujours pas mangé ?

    - Laissez-moi partir et je ne dirai à personne qui vous êtes.

    - Ahénolïa... tu es tellement... peu crédible. Je ne te crois pas une seule seconde. Ça se voit dans tes yeux. Tu n'es qu'une menteuse.

    - JE NE SUIS PAS UNE MENTEUSE ! Arrêtez avec ça !

    - Arrête de hurler Nolie, tu me casses les oreilles.

    - Laissez-moi partir...

    - Non. Tu vas payer pour ce que tu as fait Nolie.

    - Mais qu'est-ce que j'ai fait à la fin... ?

    - Tu es une peste. Une menteuse. Une petite chieuse. Une gamine. Une sale gosse hautaine. Une... je ne peux pas te supporter Ahénolïa. Tu es imbuvable...

    - Mais comment est-ce que vous me connaissez ?

    - Ah, ça, Nolie, tu ne le sauras jamais.

    - Mais pourquoi ?

    - PARCE QUE ÇA NE SERT À RIEN !!! TU SERAS MORTE AVANT D'AVOIR PU DIRE UN DERNIER AU REVOIR HYPOCRITE À TES SALETÉS DE PARENTS !!!!!

    - DITES PAS ÇA DE MES PARENTS !!!

    - JE DIS CE QUE JE VEUX PETITE IDIOTE !!! TU TE PRENDS POUR QUI ???

    - POUR QUELQU'UN DE MOINS PATHÉTIQUE QUE VOUS ! »

    *CLAC*

    Le coup assené fut violent. L'homme au chapeau mit une claque si forte à Ahénolïa que la tête de la petite partit sur le côté. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle se mit à pleurer silencieusement.

    « T'es ridicule. Ne me traite pas de pathétique Nolie, parce que si moi je le suis, alors je ne sais même pas ce que tu pourrais bien être... »

    Sur-ce, L'homme au chapeau sourit à Ahénolïa et sortit de la chambre. De grosses larmes roulaient à présent sur les joues rebondies de l'enfant et elle les essuya d'un revers furieux de la main.

    « Non... Il me fera pas pleurer. Je suis plus un bébé. Il m'aura pas... »

    Ahénolïa tourna alors la tête vers sa table de chevet et s'aperçut que, à ses pieds, un plateau en plastique blanc, contenant à manger, s'y trouvait.

    Elle se leva alors de son lit, se baissa pour prendre le plateau et remonta dans son lit avec. Il était large et dessus était posé trois assiettes blanches. Elles étaient chacune couvertes d'une cloche en plastique, afin de garder au chaud ce qu'elles contenaient. Elles étaient de différentes tailles : la première, tout à gauche, était petite. Au milieu se trouvait une très grande, de la taille de celles que maman mettait à table quand le repas était près. La troisième, à droite, était de la même taille que la première.

    Sur ce plateau se trouvait également un morceau de pain, un verre rempli d'eau, un yaourt nature sucré, des couverts et deux serviettes en papier.

    Ahénolïa prit la cloche qui était posée sur la première assiette et découvrit le plat. Une fumée chaude s'échappa de l'assiette et Ahénolïa dut attendre quelques secondes pour réussir à voir ce que contenait le plat. C'était un friand au fromage, comme ceux que faisaient maman. Et, au grand damne d'Ahénolïa, il avait l'air délicieux.

    Elle s'empara donc de sa fourchette et de son couteau et entreprit de manger son entrée.

    Elle avait raison. Il était vraiment exquis. Elle déglutit difficilement en pensant au fait que c'était sûrement L'homme au chapeau qui l'avait fait, ou du moins qui l'avait acheté.

    Elle découvrit ensuite la plus grande assiette et se retrouva face à deux endives au jambon, recouvertes de fromage fondu. Elle les dévora en à peine cinq minutes et se força à ne pas penser à celui qui les lui avait apportées.

    Elle but la moitié de son verre d'eau et retira ensuite la cloche de la troisième assiette. Elle contenait un assez gros morceau de brownie au chocolat, avec des éclats de noix à l'intérieur.

    Délicieux.

    Après avoir fini ce dessert, elle n'avait même plus faim pour son yaourt et son pain. Elle les laissa donc sur son plateau, qu'elle reposa à terre, se disant qu'elle les prendrait pour son goûter.

    Ahénolïa se rallongea sur son lit, croisa ses bras sous sa nuque et se mit à contempler le plafond de la chambre.

    Tout ce repas la perturbait. Comment... comment se faisait-il que L'homme au chapeau lui avait servi chacun de ses plats préférés ? Comment ? Et comment connaissait-il son surnom ?

    Elle ne le savait pas... Mais ce qu'elle savait, c'est qu'il fallait absolument qu'elle trouve un moyen de sortir d'ici.

    (Comment est-ce que je vais bien pouvoir sortir de là ? Je ne pourrais jamais partir par la porte d'entrée, il doit sûrement la surveiller. Il y a sans doute une porte à l'arrière mais de toute façon je ne pourrais jamais descendre en bas sans qu'il ne me voit... Alors... Mais oui !)

    Ahénolïa se releva d'un seul coup et traversa la chambre sans faire le moindre bruit.

    Et elle s'approcha de la fenêtre.

    (Croisons les doigts pour qu'il ne l'ai pas verrouillée... S'il vous plaît... Faîtes qu'elle ne soit pas fermée...)

    Elle prit dans le haut de la fenêtre et commença à tirer sur la poignée afin de faire basculer son Velux pour l'ouvrir.

    *CLAC* *CLAC*

    Face au silence, le bruit de la fenêtre qui s'ouvrit fut presque assourdissant. Nolie se doutait que L'homme au chapeau l'avait sûrement entendu. Et elle avait raison...

    « Nolie ? Qu'est-ce que tu fous bordel ? Si jamais tu... la fenêtre ! »

    Sans réfléchir, Ahénolïa passa une jambe par-dessus le rebord, puis l'autre et se retrouva debout sur le toit. Elle entendait L'homme au chapeau courir dans l'escalier. Elle se mit à son tour à courir sur le toit. Tandis qu'elle se laissait glisser le long de la gouttière, elle l'entendit ouvrir la porte de la chambre à la volée et se ruer vers la fenêtre. Elle se tourna pour voir où il était et le vit passer la tête par l'ouverture du Velux.

    « AHÉNOLÏA ! REVIENS ICI ! SI JAMAIS JE T'ATTRAPE JE TE JURE QUE TU NE REVERRAS PLUS JAMAIS LA LUMIÈRE DU JOUR ! REVIENS ICI TOUT DE SUITE ! »

    Nolie atterrit dans le jardin et se mit à courir pour contourner la maison. Elle arriva alors dans l'allée centrale, entre la porte d'entrée et le portillon, fermé à clé. Elle courut le plus vite possible et sauta par-dessus le petit portail blanc. Elle arriva dans la rue et courut vers la gauche.

    (C'était par là qu'on est arrivés hier, se souvint-elle.)

    Et elle courut le plus vite possible, aussi vite que ses petites jambes le permettaient. Elle avait déjà une bonne longueur d'avance sur L'homme au chapeau. Il n'avait pas réussi à sauter par-dessus la barrière comme Nolie. Il avait dût l'enjamber, plus lentement, alors qu'il avait déjà du retard sur l'enfant. Ils étaient maintenant tous deux lancés dans une course poursuite.

    L'homme au chapeau risquait la prison. Et Ahénolïa Sting risquait la mort. Elle courut jusqu'à arriver au bout de la rue puis tourna à droite. A partir de là, elle ne se rappelait plus très bien du chemin qu'ils avaient emprunté...

    Elle continua de courir le plus vite possible, mais chaque fois qu'elle jetait un coup d'oeil en arrière, elle avait l'impression que L'homme au chapeau se rapprochait de plus en plus. Elle tourna ensuite à gauche, puis encore à gauche... et se retrouva dans un cul-de-sac.

    Alors, elle se retourna et le vit. Il était là, à cinq mètres d'elle, et lui barrait le passage avec ses bras. C'était fini. Elle avait perdu. Et il lui souriait.

    « Alors Nolie ? On a perdu ? C'est dommage tu ne trouves pas ? Je pensais que tu aurais fait durer le jeu un peu plus longtemps...

    - Je... je...

    - Shhh... Ne dis rien. Tu auras tout le temps de bavarder à la maison. Avec tes petits camarades. »

     

     L'homme au chapeau s'approcha à pas lents de la petite fille. Elle était coincée, dos au mur, et ferma les yeux. Il lui prit alors la tête et la frappa violemment contre ce mur. Nolie tomba à terre, assommée. 


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