• Chapitre 29

    Vendredi 31 janvier 2009, 13h27, sur un banc du parc Langley, en face du commissariat de Westminston.



    « Au final il nous a tous bien eus, soupira Ïga. »

    Ïga Bory et Simönn Jarvy étaient assis côte à côte sur un banc en bois, en face de la fontaine. Deux jours après que Kurt et Irvy l'eurent retrouvée, Ïga était toujours aussi tourmentée de n'avoir rien vu venir. Simönn, qui avait eu confiance en Ïan pour aider Ïga à surmonter ses cauchemars, était aussi déboussolé qu'elle. Lui, le psychologue qui établissait les meilleurs profils psychologiques de toute la région, n'avait rien vu arriver.

    « Je crois bien que oui, lui répondit Simönn. Mais tant pis.

    - Quoi ?!

    - Il va mourir et on sera tranquille. Enfin apaisés. Détruits pour toujours, mais ensemble. Et c'est tout ce qui compte...

    - Tu sais pourquoi il m'avait enlevée ?

    (…)

    - C'était prévu. Il ne m'avait pas invitée chez lui pour rien. Il voulait profiter de moi. Se servir de moi, pour raviver son passé. C'est son père qui m'avait enlevée quand j'étais petite. Mais quand il a été condamné à mort, Ïan a eu dans la bouche un arrière goût d'inachevé. Son père n'avait pas totalement réussi sa tâche. Alors Ïan s'était promis de le venger et d'achever son but. Il n'avait pas pensé que j'entendrais Ahénolïa. Mais il pensait me droguer pendant la nuit. Me porter jusqu'à la cave et m'attacher comme il l'a fait. Au final, la quasi-totalité de son plan a réussi. Sauf pour ce qui est du dénouement.

    « Mais c'est du pareil au même. Parce qu'il a embrassé mes cicatrices, pendant que je dormais. Les cicatrices que son père m'avait faites en mutilant mon corps avec son vieu couteau de chasse entièrement rouillé. Je l'ai su en descendant en bas, tandis que j'allais me servir un vers d'eau. Juste avant d'entendre les enfants. En descendant les marches, j'ai senti quelque chose d'humide sur ma peau. J'ai passé mes doigts sur chacune de mes cicatrices. Et c'était comme si ses lèvres m'avaient marquée au fer rouge. Comme si je pouvais sentir chacun de ses baisers sur ma peau avec toute l'ardeur qu'il avait mis à se délecter des marques laissées par son père. Et moi je n'en avais rien su. Parce que je dormais, tout simplement. Rien n'arrive quand il le faut avec moi. Parce que si je m'étais réveillée à ce moment-là, si j'avais senti ses lèvres sur mon corps, je l'aurais arrêté immédiatement. Je ne serais pas descendue boire un verre d'eau, tout simplement parce que je serais partie de la maison dès qu'il se serait endormi. Et alors...

    - Alors Ahénolïa et tous les autres enfants seraient probablement morts dans cette cave et Ïan serait toujours vivant. Alors, l'enquête sur la disparition de cette petite fille aurait sûrement tourné en rond pendant longtemps, avant d'être oubliée, comme celles qui avaient été ouvertes pour les autres enfants qui étaient dans cette cave.

    - Oui, tu as sûrement raison.

    - Rien n'arrive pas hasard Ïga... Nous voilà comme deux idiots, assis sur un banc à se geler les doigts de pieds depuis 3 heures en ravivant nos vieux Démons. Mais à ton avis, pourquoi est-ce que je ne me suis pas levé pour te proposer d'entrer dans le bâtiment et discuter au chaud.

    - Je ne sais pas.

    - Toi, non... mais moi je le sais. »

    Simönn se leva avant de poser un genou à terre et de sortir un petit coffret en velours de la poche de son manteau.

    - Ïga Bory... veux-tu m'é...

     

     - Oui... oui, je le veux de tout mon coeur. »


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