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    La voleuse de fleurs

     

     

    Mon nom est Danny. Danny Collins. Et je vais vous conter l'histoire d'une fille pas comme les autres. Un peu sauvage et très timide. Une fille qui ne parle jamais. Une fille qui bouge tout le temps mais qui ne dit rien. L'histoire de Lila Neils. L'histoire de la voleuse de fleurs.

     

    J'ai 13 ans et je vis dans la petite ville de Raspburry. Ici tout le monde se connait et tout le monde sait tout. Il n'y a aucun secret dans un village comme le nôtre. Chacun connait le nom de tous les habitants et les nouveaux ne sont pas toujours les bienvenus. Seuls certains se font bien accepter. Et ce n'est pas le cas de cette petite.

    C'est une jolie demoiselle qui est arrivée il n'y a pas très longtemps, mais que, fait étrange, personne ne connait. Une jeune fille blonde, les yeux verts, très fine et qui devait avoir mon âge.

    Chaque fois que je rentrais de l'école, je la voyais, assise dans un arbre, ou marchant le long d'un jardin ou d'un champ. Elle ne me regardait jamais, ne me jetait pas même un regard. Je commençais à en être vexé, moi qui étais admiré par toutes les filles de ma classe.

    Un jour d'été, alors que je sortais dans mon jardin, j'ai entendu hurler. Pas de peur, non. De rage. Je suis sorti dans la rue, guidé par les cris et je suis arrivé cinq maisons plus loin.

    C'était Mme Violette. Une femme habituellement douce et calme. Je me suis approché de son jardin, dans lequel elle se trouvait.

     

    « -Qu'y a-t-il Mme Violette ?

    -Danny... C'est encore cette voleuse ! La voleuse ! La voleuse !

    -Qui ?

    -La voleuse de fleurs Danny... La voleuse de fleurs... »

     

    Mme Violette est rentrée chez elle, furieuse. Je reprenais la direction de ma maison lorsque je l'aperçus. La voleuse de fleurs était assise dans le grand chêne, en face de la demeure de Mme Violette. La voleuse était en haut et me regardait, à la fois curieuse et pensive. Elle tenait dans sa main droite un bouquet de fleurs violettes. Probablement des violettes. Je tournai la tête vers la maison de Mme Violette, pour l'appeler, mais un petit bruit feutré en provenance de l'arbre me fit regarder ce dernier. La voleuse de fleurs avait disparu.

    Je repris donc le chemin de ma maison, les mains dans les poches.

     

    Chaque jour qui passait apportait maintenant un nouveau plaignant. La voleuse de fleurs passait chaque jour dans un jardin différent. Et personne ne la voyait. Du moins, pas sur le fait. Les rares personnes l'ayant vue étaient à peine sorties dans leur jardin que la voleuse s'enfuyait déjà.

    Un soir, les gens du village organisèrent un banquet gigantesque. Ils devaient parler de la voleuse. Ils voulaient s'en débarrasser, ils voulaient qu'elle s'en aille.

     

    « -Ce n'est qu'une sale voleuse !

    -Une pilleuse !

    -Elle nous prend tout !

    -J'avais planté des bégonias l'an dernier, et les voilà volés.

    -Du calme, du calme, mes amis, il faut juste trouver un plan. Une solution pour qu'elle s'en aille... »

     

    Fatigué de toutes leurs plaintes, je m'en allais me promener. Nous étions au mois d'août et, bien qu'il soit déjà 21h passé, il faisait encore jour.

    J'approchais de la rivière, afin de regarder les poissons y nager, lorsque je la vis. Elle était là où j'avais l'habitude de m'asseoir, ses pieds trempants dans l'eau.

    Je m'approchais le plus lentement et doucement possible, ne faisait presque aucun bruit. Mais elle m'entendit quand même.

    Elle se retourna brusquement et se releva d'un bond lorsqu'elle me vit. Elle s'apprêtait à s'enfuir lorsque je la retint par le bras.

     

    « -Non, ne t'en vas pas, s'il te plaît... l'implorais-je. »

    Elle ne me répondit pas mais ne s'enfuit pas pour autant. Elle restait tout de même tendue, prête à déguerpir au moindre danger, comme un animal sauvage.

     

    « -Ne t'inquiète pas, je ne te ferais pas de mal. Les autres sont au festin, mais je ne les appellerais pas, sois-en sûre. »

     

    La voleuse de fleurs se détendit. Je l'invitais à se rasseoir, ce qu'elle fit, et commençais à lui parler des poissons.

     

    « -Je viens souvent ici. J'aime bien cet endroit. Les poissons sont beaux et l'eau est fraîche. J'y trempe souvent mes pieds et je m’assois à l'endroit exact où tu te trouves en ce moment. Parfois je pêche avec mon grand-père. Il amène deux cannes, une petite et une grande. Et on reste ici toute la journée, à attendre que ça morde. On prévoit des sandwichs, des boissons et quelques gâteaux. Ma grand-mère n'aime pas que nous prenions des gâteaux alors on les amène en cachette. Oh, elle le sait bien sûr. Chaque fois elle voit son placard se vider au fur et à mesure. Mais elle continue d'en acheter quand même... D'ailleurs elle était un peu énervée l'autre jour... Elle... elle est allée dans son jardin et elle t'as vue. Elle t'as vue t'enfuir avec des marguerites. Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Pourquoi voles-tu les fleurs des habitants ? Et comment t'appelles-tu ?

    -Lila.

    -Tu t'appelles Lila ?

    -Lila. Oui.

    -Lila comment ?

    -Lila. »

     

    Lila se leva alors, me regarda et me sourit. Elle reprit les fleurs qu'elle avait volées aujourd'hui et partie, me laissant seul avec les poissons.

     

    Au fil des jours, Lila et moi nous forgeâmes une amitié. Elle n'était pas bien solide mais nous étions tout de même amis et c'était déjà un bon début. Je n'avais plus jamais eu l'idée de la dénoncer aux villageois ou de lui reprendre ses fleurs. Ni de l'empêcher de les voler.

    Chaque premier dimanche du mois, mon grand-père et moi allions pêcher à la rivière, et Lila venait toujours nous observer, de loin. Moi seul la voyait, et elle me souriait.

    Voilà maintenant un an que Lila volait des fleurs dans les jardins. Le nom de « voleuse de fleurs » lui était maintenant définitivement attribué et elle ne se faisait appeler que comme ça par les habitants du village. Sauf par moi. Pour moi elle restait Lila.

     

    Un premier dimanche matin de juillet, je ne vins pas à la pêche. Grand-père non plus. Lila le remarqua et, le lendemain, lorsque je vins, ce fut la première question qu'elle me posa.

     

    « -Danny, pourquoi n'es-tu pas venu pêcher hier ? »

     

    C'était la première fois qu'elle me posait une question. Car bien que cela fasse un an que nous nous connaissions elle continuait à ne pas parler beaucoup. Les mots sortaient de sa bouche avec un son cristallin et sa voix était douce comme l'eau de la rivière.

     

    « -Mon grand-père est décédé Lila... Il a été enterré hier.

    -Oh. »

     

    Lila perdit toute sa gaieté et sa bonne humeur d'un seul coup, comme si une vague de tristesse et de désespoir s'était emparée d'elle. Elle me prit la main, et m'entraîna plus loin.

     

    « -Où va-t-on Lila ?

    -Dans un endroit qui ne pourra te faire que du bien. »

     

    Elle ne m'en dit pas plus et continua de me tirer par la main. Nous arrivâmes alors au pied d'un grand peuplier, au bout de cinq minutes de marche. Lila commença à y grimper, ses fleurs toujours à la main. Je l'imitai et nous arrivâmes bientôt au sommet.

    De là où nous étions, nous avions une vue imprenable sur les montagnes verdoyantes, boisées et gigantesques, la rivière où nous étions précédemment et le coucher de soleil. Un magnifique coucher de soleil orangé, contrastant avec le ciel violet et bleu clair. C'était extraordinaire.

    Je tournai la tête vers Lila et elle me fit signe de ne rien dire. Elle voulait que je savoure ce moment.

    Au bout d'une dizaine de minutes à contempler ce magnifique paysage, elle se tourna vers moi, ses yeux verts brillants de mille feux.

     

    « -Voilà. Maintenant tu peux venir ici quand tu veux. C'est l'arbre de l'innocence.

    -L'arbre de l'innocence ?

    -Oui. L'enfance est l'endroit où personne ne meurt. Quand l'enfance se termine de cette façon brutale, on perd notre innocence. C'est ce que disait mon papa. Mais l'arbre de l'innocence te permettra de la retrouver pour un moment.

    -Alors toi aussi tu as perdu ton innocence ? »

     

    Lila ne répondit pas et, au lieu de cela, commença à descendre de l'arbre. Je l'imitai et elle mit sa main dans un creux de l'arbre. De là, elle sortie de nombreuses fleurs fraîches, de toutes sortes et de toutes les couleurs. Elle mit son bouquet en ordre et se remit à marcher. Je la suivis et elle m'entraina à nouveau vers un autre lieu. Mais cette fois-ci, c'était un endroit que je connaissais.

     

    « -Lila... Lila pourquoi est-ce qu'on va au cimetière ? Je n'aime pas cet endroit. »

     

    Elle ne me répondit pas et continua d'avancer. Elle semblait savoir exactement où elle allait.

    Elle marcha jusqu'à une tombe blanche, en marbre, et s'agenouilla devant. Elle sépara son bouquet en deux parties égales et déposa l'une de ces parties sur la tombe blanche. Elle sortit une petite ficelle du sac qu'elle portait et enroula les tiges du bouquet, afin qu'il tienne plus facilement.

    Je me penchais également pour lire le prénom des personnes enterrées ici.

     

    « Laura et Paul Neils. 

     

    A leur fille, Lila. »

     

    « -Alors ce sont tes parents ? lui demandais-je doucement.

    -Oui. Je vais te dire pourquoi je vole les fleurs Danny... Je les prends pour mes parents. Parce que les fleurs représentaient une grande partie de leur vie. Ils aimaient ça plus que tout au monde. Ça les passionnait. Et je pense que ce n'est pas parce qu'ils ne sont plus là qu'ils doivent en être privés.

    -Oh... C'est beau ce que tu fais Lila...

    -Viens Danny. »

     

    Lila me prit à nouveau par la main et m'entraîna vers la tombe de mon grand-père. Je n'avais plus peur d'y aller à présent. La douceur de Lila m'apaisait. Arrivés devant le pierre grise, elle me glissa dans les mains la deuxième partie du bouquet. Je le pris, le serrais dans mes mains, contre ma poitrine, et le déposais sur la tombe de mon grand-père.

    Nous restâmes ainsi pendant plusieurs minutes avant de nous en aller. En marchant, Lila parut un petit peu plus bavarde que d'habitude.

     

    « -Ça fait du bien de le faire, me dit-elle.

    -Oui... Tu sais Lila, je comprends maintenant, pourquoi tu volais les fleurs.

    -Merci. »

     

    Nous marchâmes jusqu'à arriver devant chez moi. Lila me sourit et je rentrais. Le temps de me retourner pour regarder derrière moi, elle avait disparu.

     

     

    Le lendemain lorsque je retournais à la rivière, elle n'y était pas. Je courus jusqu'à L'arbre de l'innocence, mais toujours aucune trace de Lila. Une idée me vint alors à l'esprit et je courus vers le cimetière. Là, sur la tombe de mon grand-père, était posée une feuille de papier, coincée sous une pierre pour ne pas qu'elle s'envole.

     

    «  Danny, excuse-moi, mais je ne peux pas rester avec toi. Maintenant

    que tu connais tout de moi, je ne peux plus rester. Je serais toujours à

    Raspburry, mais ne tente pas de me chercher. S'il te plaît... Je te

    laisserai des petits mots, des fleurs, et l'entrée de L'arbre de l'innocence.

    Et je continuerai de t'observer. Mais je ne pourrais pas continuer de te

    voir. Excuse-moi. »

     

     

    Cependant, je ne pouvais me résigner à ne plus voir Lila. Elle m'était devenue indispensable. J'avais besoin d'elle. J'avais besoin d'elle...

     

    Je courus à L'arbre de l'innocence. Et elle était là, sur l'une des plus hautes branches.

     

    « -Danny...

    -Pardon Lila. Mais moi je ne peux pas.

    -C'est mieux pour nous deux. Il ne faut pas...

    -Pourquoi ?

    -Parce que... Tu connais tout de moi.

    -Non Lila. Non. Je ne connais pas tout de toi. Et puis, il y a tant de choses que nous n'avons pas encore faites.

    -Comme quoi ?

    -Faire des ricochets. Pêcher. Gonfler des dizaines de ballons de baudruche et les lâcher dans le ciel. Manger des tas de bonbons à en avoir mal au ventre. Se déguiser, juste pour rire. Vivre sans se soucier des autres.

    -Danny... Je sais...

    -Alors reste Lila.

    -Mais...

    -Reste. »

     

    Lila fixait à présent les montagnes, et je grimpais à l'arbre pour la rejoindre.

     

    « -On ne peut vraiment rien t'obliger à faire n'est-ce pas ? me demanda-t-elle en souriant.

    -Pas ce genre de chose. Je ne pourrais jamais. »

     

    Lila tourna son visage vers moi, prit ma main et regarda à nouveau les montagnes. Nous restâmes ainsi pendant plus de deux heures.

     

     Depuis tout ce temps, Lila est, et demeurera pour toujours, la personne que j'ai de plus chère au monde. Et je ne saurais me passer d'elle…


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    Un funambule dans la nuit

     

     

     

    Je m'appelle Lucie. Lucie Brett. Et je vais vous conter l'histoire d'un petit garçon et de son chat. L'histoire d'un garçon timide, un peu sauvage et très discret. D'un garçon qui ne parle quasiment pas. L'histoire d'un petit garçon sans maison. L'histoire d'un funambule. D'un funambule dans la nuit.

     

    J'ai 8 ans et je vis dans la petite ville de Ferl. J'habite avec mes parents, dans une petite maison en bois, qui ressemble à un chalet. Ferl est située dans une vallée, entourée de montagnes verdoyantes. Les étrangers ne sont que de passage et rares sont ceux qui décident de s'installer définitivement.

    Un vendredi d'octobre, alors que je rentrai de l'école, je décidai de longer la rivière Watipi. C'était une longue rivière qui parcourait toute la ville. Nous n'avions pas de voitures, à cause de ce cours d'eau qui zigzaguait entre les maisons. Nous nous déplacions toujours à pieds, ou à cheval. La rivière était bordée de chênes et de châtaigniers. Et c'est là que je l'ai vu.

    Un petit garçon venait de finir de tendre un fil très fin entre deux grands chênes. Il l'avait accroché à deux grosses branches solides, à mi-chemin entre la cime et le sommet. Il commença à grimper le long de l'un des arbres pour atteindre son fil. Il commença à se redresser et à se mettre debout, en équilibre, sur son fil. Et il le traversa en à peine deux minutes.

    Arrivé à l'autre extrémité du fil, il se rendit compte de ma présence et se tourna vers moi. Il s'agrippa alors à l'arbre, défit le nœud qui tenait son fil au grand chêne et fit de même avec l'autre extrémité. Alors qu'il remballait toutes ses affaires, je courus vers lui, pour le retenir.

     

    « -Non, ne pars pas. Je ne te veux pas de mal... C'est beau ce que tu fais. »

     

    Le petit garçon ne me répondit pas mais ne s'enfuit pas. Je m'empressai donc de lui parler pour ne pas qu'il s'en aille.

     

    « -Tu sais, moi mes parents ne veulent pas que je fasse de jolies choses comme ça. Ils trouvent que c'est trop dangereux pour moi. Mais toi tu en as de la chance, tes parents te laissent le faire.

    -Mes parents ne sont plus là pour décider de ce qui est beau...

    -Oh... Alors...

    -Mes parents sont décédés quand j'avais quatre ans. Je n'ai plus de maison. Je me nourris de ce que m'offrent les passants qui me voient faire mes numéros. Je m'entraîne chaque jour. Parce que si je montre chaque fois la même chose, les gens donnent de moins en moins, et moi je vis de moins en moins.

    -Tu vas montrer ça en ville ?

    -Si les habitants veulent bien...

    -Et que feras-tu après ton spectacle ?

    -Je m'en irais.

    -Où ça ?

    -Plus loin...

    -Oh.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Je pensais que tu ne t'en irais pas.

    -Il le faut. Pour vivre. Et, surtout, pour découvrir de nouveaux pays. C'est mon métier en quelques sortes... J'aime ce travail pour la découverte.

    -Que ressens-tu ? Quand tu es sur le fil ?

    -C'est... comme si je volais. Parce que je regarde droit devant moi, et que je vois tout de haut. C'est magique. Parce qu'à ce moment là, je ne vois plus les gens autour de moi. Je ne vois plus les spectateurs. Je ne les entends plus m'applaudir ou rire. Je n'entends que le bruit des rivières et des oiseaux qui chantent.

    -Comme c'est beau, ce que tu dis... Comment t'appelles-tu ?

    -Lucas. Lucas Finley. Et toi ?

    -Lucie Brett. »

     

    *Miaou*

     

    C'est alors qu'un petit chat, tout blanc, aux yeux bleus, s'approcha de nous. Surprise, je reculais légèrement, et Lucas s'en aperçut.

     

    « -Ne t'inquiètes pas. Il ne te fera rien. C'est Pepe.

    -Pepe ?

    -Oui. C'est mon chaton. Mes parents avaient une chatte grise, du nom de Mahony. Quand ils sont décédés, j'ai dû m'occuper d'elle. Un jour, je l'ai amenée chez le vétérinaire qui s'occupait d'elle depuis sa naissance. Il connaissait ma situation et ne m'a pas fait payer. Il a aidé Mahony à avoir ses petits, mais un seul à survécu. Pepe. Alors j'ai continué à m'occuper d'eux. Mais Mahony était vieille et avoir ses petits l'a fatiguée. Un an plus tard, elle est morte à son tour. Alors j'ai commencé à faire le tour des villes, à faire des spectacles, et à m'occuper de Pepe.

    -Tu sais, j'ai de la nourriture pour chat à la maison. Mais mon petit chaton est mort il y a deux mois. Il s'appelait Tiwi. Alors il me reste deux paquets de croquettes. Je te les apporterai demain. Ici.

    -Merci beaucoup. »

     

    Nous parlâmes encore pendant une vingtaine de minutes, Lucas et moi, puis je rentrai. A mon retour, maman me demanda où j'étais passée et je lui expliquai ma rencontre avec Lucas. Je lui parlai également de sa situation, de son travail, et de Pepe. Maman me donna son accord pour apporter les sacs à Lucas, le lendemain matin.

    Cette nuit là, je rêvais de Lucas et de Pepe. Je rêvais d'un spectacle, au cœur des montagnes enneigées.

     

    Le lendemain, j'arrivais avec deux sacs de nourriture pour chats. Le spectacle de Lucas était pour ce soir. J'étais restée toute la journée à l'admirer. C'était si beau. Lucas le funambule semblait voler.

    Le soir venu, Lucas installa son fil entre un énorme châtaignier et un grand chêne. Il y avait plus de deux mètres entre les deux arbres et Lucas allait parcourir cette longueur, debout dans les airs, face à un splendide coucher de soleil.

    J'eus peur pour lui durant son numéro. Peur qu'il ne tombe, peur qu'il ne glisse, peur qu'il ne réussisse pas quelque chose, et même peur qu'il ne gagne pas assez d'argent à la fin, pour pouvoir se nourrir.

    Ce soir là j'avais aidé Lucas à tout installer, tendant le fil à la bonne hauteur, afin qu'il ne soit pas penché en avant ou en arrière. Et quand j'étais arrivée au milieu des villageois pour admirer le spectacle qui allait bientôt commencer, je m'étais retrouvée dans le fond. J'avais joué des coudes pendant plusieurs minutes afin de me frayer un passage, pour être le plus près de Lucas, en vain. Je n'étais arrivée qu'à mi-chemin entre l'endroit d'où j'étais partie et le pied de l'un des arbres auquel était accroché le fil, lorsque le spectacle commença. Je sortis donc prestement mon appareil photo et prenai de nombreux clichés, munie de mon Polaroïd. Cette soirée avait été merveilleuse...

     

    Le lendemain, je revins à nouveau à l'endroit où je l'avais vu pour la toute première fois. Il était en train de ranger son matériel dans un petit sac en toile. Je m'approchais de lui, incrédule de voir qu'il allait s'en aller si tôt.

     

    « -Lucas... Qu'est-ce que tu fais ?

    -Eh bien, je fais mon sac Lucie.

    -Tu t'en vas déjà ? Tu ne refais pas d'autres numéros ?

    -Tu sais Lucie, les applaudissements ne font pas tout. Les habitants de ton village ont applaudis à la fin, mais pendant le spectacle, je sentais qu'ils n'étaient pas très captivés. Pas autant que tu l'es chaque fois que tu me vois le faire.

    -Tu sais, peut-être que c'est moi qui suis trop enthousiaste...

    -Non Lucie. Je vais changer de village. Inventer de nouveaux numéros et découvrir de nouveaux paysages. Je regrette vraiment que tu ne puisses pas venir avec moi, mais c'est ainsi. Tu dois rester avec tes parents, ici.

    -Lucas...

    -Je suis désolé Lucie. »

     

    Le jour du départ de Lucas était celui que je garderai en mémoire à jamais. J'avais d'ailleurs pris d'autres photos ce jour là, juste avant le départ de Lucas. Après qu'il eut commencé à s'éloigner, je m'étais élancée vers lui et l'avais retint par le bras. Je l'avais imploré de rester, lui avais juré de demander à mes parents de l'héberger chez nous, lui avais promis qu'ils accepteraient, m'étais même mise à genoux, pour lui. Mais rien n'y avait fait. Lucas avait continué à refuser gentiment mon offre. Je lui avais alors demandé de rester avec moi, une dernière après-midi. Après avoir hésité pendant de longues minutes, qui me parurent des heures, il finit par accepter.

     

    « -Mais une après-midi, pas plus.

    -Oh, oui, oui, oui Lucas, promis ! »

     

    Je me jetais dans ses bras, au comble de la joie. Cette après-midi là fut la plus belle de toute mon existence. Nous rîmes beaucoup, à s'en tenir les côtes. Je pris de nombreuses photos de nous, de lui surtout. Je souhaitai que cette journée ne se termine jamais. Malheureusement, le coucher de soleil arriva, et le départ de Lucas avec.

     

    « -Je dois m'en aller maintenant Lucie.

    -Oh... »

     

    Nous étions allongés dans l'herbe, les yeux rivés sur les étoiles naissantes. Je tournais mon visage vers lui, le fixant afin de garder son visage en mémoire, pour toujours. Il me regarda, s'approcha doucement de moi, et m'embrassa furtivement, comme un baisé volé. Avec la délicatesse et la rapidité d'un chat.

    Lucas se leva, me tint les mains pendant plusieurs minutes, sans un mot puis les serra et m'embrassa sur le front.

     

    « -Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance Lucie Brett. Et sache qu'il me sera dorénavant impossible de t'oublier. Impossible. Je te le promets. »

     

    Lucas referma son sac en toile, le jeta sur son dos et me sourit. Il s'approcha de moi et m'embrassa furtivement sur la joue, plus précisément à la commissure des lèvres. Il recula puis reprit son chemin, marchant sous les étoiles et sous une lune pleine, qui l'observait depuis son ciel orangé.

     

    Je ne revis plus jamais Lucas Finley, ni Pepe, son chat. Du moins, pas réellement. Mais Lucas faisait sensation dans les grandes villes, et parfois même dans les petites. Des articles paraissaient sur lui et ses exploits, dans des journaux locaux ou régionaux.

    Il faisait fureur après des gens, et tout particulièrement auprès de moi. Je conservais chaque article le mentionnant. Chaque photo de lui était habilement découpée de ma main, chaque article, et tous étaient collés dans un album que je gardais précieusement sur ma table de chevet. La première photo qui y avait été mise était celle que j'avais prise le soir de sa représentation dans la petite ville de Ferl, à côté de celles que j'avais prises lors de notre dernière après-midi..

    J'avais gardée toutes les multiples photos que j'avait prises de Lucas, mais je n'avais collée que la plus belle dans l'album. Elle figurait en première page. Et sur la couverture

    était inscrit, de ma plus belle écriture : « Un funambule dans la nuit. ».

     

    Je n'oublierai jamais Lucas Finley, ni son chat Pepe. Je ne pourrais pas puisqu'il m'est impossible de le faire. Ses mots, ses baisers, sa délicatesse, sa légèreté, ses rêves, son visage, sa voix.

     

     Je ne pourrais jamais…


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  • Faustine Javry était toujours en train de patienter dans la salle des ventes aux enchères. Elle venait de participer activement à une vente et avait remporté un lot, qu'elle attendait de récupérer. Au bout d'une dizaine de minutes, une femme brune vint à elle avec un carton marqué du numéro cinq. Elle le prit et alla s'installer un peu plus loin, sur une table, et ouvrit le carton, afin d'en découvrir le contenu. C'était une vente à l'aveugle et Faustine ne savait pas encore ce qu'il contenait.

    C'est avec surprise qu'elle découvrit une bouteille de vin rouge très ancienne. En regardant plus attentivement l'étiquette, très abîmée, elle découvrit qu'elle avait acheté un millésimé. Elle posa la bouteille sur la table et fouilla à nouveau. Au fond du carton se trouvait deux anciens portefeuilles en crocodiles. Les fermoirs étaient en laiton et Faustine se dit qu'ils devaient être très vieux. Il y avait également un carnet en cuir, très usé lui aussi, dans lequel était inscrites des notes en langue étrangère.

    Faustine remit tout dans le carton, le cala sous son bras et sortit de la salle, aux murs jaunis par le temps. Elle traversa le parking, saluant au passage sa fidèle amie Anna, et retourna à sa voiture. Elle fouilla dans son sac en cuir rouge et en sortit les clés de sa vieille Twingo, rouge elle aussi. Faustine se plaça derrière le volant, sortit du parking et s'engagea sur une petite route de campagne, que tous les habitants du coin appelaient « la 32 » en raison du numéro de l'autoroute qui se trouvait juste à côté.

    Tout en roulant, Faustine pensait. Elle pensait aux deux portefeuilles datant probablement des années 70, vu leur usure, se demandant à qui ils pouvaient bien appartenir. Elle n'avait pas pris le temps de les observer très longtemps, préférant le faire chez elle, à l'abri des regards de ceux qui voulaient toujours « faire du troc » comme ils le disaient si bien. Elle pensait au bon vin qui l'attendait et qu'elle allait boire dans le mois, sûrement. Elle pensait au petit carnet en cuir et aux notes écrites à l'intérieur, dont elle ne connaissait pas la langue. Elle projeta donc de se mettre à les déchiffrer dès son arrivée chez elle.

     

    Faustine arriva dans l'impasse Jacques Cartier et se gara dans l'allée du numéro 12. Pour rien au monde elle ne quitterait cette maison, dans laquelle elle avait vécu 11 ans avec Eliott, son compagnon, décédé l'année précédente, alors qu'ils n'avaient même pas eu le temps de se marier. Elle entra dans son foyer, chargé de souvenirs, dont 6 photos d'Eliott au rez-de-chaussée. Elle laissa lourdement tomber son sac à main près du porte manteau qui se tenait dans l'entrée, et claqua violemment la porte d'entrée, en la poussant d'un coup de pied.

    Elle alla jusqu'à la cuisine, où se trouvait la petite table en bois que lui avait offerte son père quand elle avait acheté la maison, puis posa le carton sur la table. Elle y étala tout le contenu et découvrit qu'il y avait également une très ancienne cassette VHS, dans le fond du carton. Elle commença par inspecter scrupuleusement les portefeuilles.

    Le premier contenait le passeport d'une petite fille, née le 6 août 1973, et qui devait donc maintenant avoir 42 ans, environ. Faustine se sentie proche de la petite fille (maintenant grande) sur la photo. Elles avaient presque le même âge. Faustine Javry avait 43 ans. Elle était née le 13 septembre 1972. Elle était fille unique. Ce qui n'était d'ailleurs pas le cas de la petite sur la photo car dans l'autre portefeuille, il y avait le passeport d'un petit garçon.

    Son frère, sûrement, puisqu'ils avaient le même nom et que la ressemblance sur leurs deux photos était flagrante. Il avait 2 ans de moins que la petite fille et n'avait pas la même couleur de peau. Le petit garçon avait la peau légèrement plus bronzée que celle de sa sœur.

    Il s'appelait Màrk. Màrk Stratòwski. Et sa sœur s'appelait Yülia. Ils étaient nés en Pologne, à Varsovie. Faustine ouvrit ensuite le carnet en cuir et feuilleta les pages, se rendant compte qu'elle ne connaissait pas la langue écrite à l'intérieur, mais se dit que c'était sûrement du polonais. Elle parti donc au salon chercher son ordinateur et l'alluma. Elle ouvrit un moteur de recherche et y inscrit le nom d'un traducteur automatique. Elle y tapa tout le texte et recopia la traduction sur l'un de ses propres carnets. Faustine avait raison, c'était bel et bien du polonais.

    Elle le petit carnet de cuir se révélait être le journal intime de la petite Yülia. Elle y racontait les moments importants de son enfance. C'était son petit carnet secret. Le genre de ceux qu'avaient toutes les petites filles du monde. Mais il s'arrêtait au 28 juin 1981. Pourtant ce n'était pas la fin du carnet, il restait encore une bonne vingtaine de pages. Faustine se mit donc à le lire, afin de connaître la raison de cet arrêt soudain.

     

     

    «  21 juin 1978

     

    Aujourd'hui papa et maman nous ont promis qu'ils nous emmèneraient demain voir le nouvel appartement qu'ils ont acheté. Nous allons toujours habiter à Varsovie mais on va changer d'immeuble. J'ai hâte de le voir. Mais il est déjà 22h34 et je dois dormir. Il faut que nous nous réveillons tôt demain pour aller voir notre nouvel appartement.

     

     

    22 juin 1978

     

    Aujourd'hui est un grand jour ! On va voir l'immeuble dans lequel nous allons habiter bientôt. Maman n'est pas très rassurée. Elle parle d'un incendie qui a eu lieu dans un immeuble voisin. Mais papa lui a promis que nous ne risquions rien. Papa a sûrement raison ! Il a toujours raison...  »

     

    Mais Faustine pensait que la mère de Yülia avait raison. Son propre père lui avait parlé de cet incendie impressionnant qui avait ravagé un immeuble de Varsovie et avait asphyxié tous ses habitants. Faustine commençait à s'inquiéter pour Yülia et repris sa lecture pour avoir le fin mot de l'histoire.

     

    «  22 juin 1978 (suite)

     

    Nous sommes maintenant arrivés devant l'immeuble. Mais je commence à me poser des questions... L'immeuble a vraiment l'air fragile et un incendie le ravagerait en 2 secondes. Mais si papa nous assure qu'il ne risque rien, autant ne pas m'en faire !

     

     (vidéo)    »

     

    La petite note « (vidéo) » avait été rajoutée bien après que le texte ne soit écrit et ce n'était pas la même écriture. Faustine prit donc la cassette qui était dans le carton et lu la date inscrite dessus afin de s'assurer que c'était bien celle du 22 juin 1978. Elle la pris et alla dans son salon, pour la mettre dans son lecteur VHS. Elle alluma l'écran et rembobina la cassette. Elle appuya sur le bouton « PLAY » et la vidéo se mis en marche. Faustine s'installa confortablement sur son canapé et se rendit compte que les enfants que l'on voyait sur la vidéo était ceux sur les photos des passeports. Ils étaient devant un grand immeuble, qui ressemblait à la vague description qu'en avait faite Yülia, dans son journal.

     

    Les enfants se tenaient debout, à côté de leurs parents. Yülia était à droite, sa mère se tenait à sa gauche, son père à la gauche de sa mère et Màrk à la gauche de son père. On les voyait de dos, le nez en l'air, regardant le bâtiment de haut en bas. La personne qui les filmait n'avait pas l'air d'avoir demandé l'autorisation car la petite famille ne donnait pas l'impression de savoir qu'elle était filmée. Ils firent alors un pas vers l'immeuble et entrèrent par une petite porte en bois, délabrée.

    Le caméraman les suivit discrètement. Ils montèrent jusqu'au quatrième étage, et les Stratòwski entrèrent dans l'appartement. La personne qui filmait resta cachée dans le couloir, tout en filmant l'entrée de l'appartement et une partie de celui-ci. On pouvait toujours voir Yülia et Màrk mais leurs parents étaient entrés à l'intérieur, trop loin pour que la caméra ne les montre. On distinguait partout à l'intérieur des piles immenses de journaux qui emplissaient toute la pièce. La mère de Yülia fit d'ailleurs la remarque à son mari. Faustine pouvait entendre toute leur discussion sur la vidéo.

     

    « -Yürek ! Tu as vu tout ce bazar ?

    -Calme-toi Hïelyena. Les déménageurs ont promis de tout enlever dès demain matin.

    -Mais il va falloir tout nettoyer après leur passage ! Les journaux partent en miettes ! Et je suis sûre qu'il y a... des... des rats !

    -Mais non ! Tu dis n'importe quoi !

    -C'est vrai qu'il y a des rats ? demanda alors Yülia, qui commençait à s'inquiéter.

    -Mais non mon cœur. Maman dit des bêtises...

    -Quoi ? Traite-moi de menteuse !

    -Hïel'... On ne sait pas si il y en a. Tu inquiètes Yül' pour rien.

    -Vous pouvez arrêter de vous disputer ? »

     

    Ils se tournèrent tous vers Màrk, qui n'avait prononcé aucun mot depuis leur arrivée.

     

    « -Oui. Excusez-nous les enfants. dit alors Yürek, penaud. »

     

    Màrk et Yülia s'enfoncèrent un petit peu plus dans l'appartement ce qui les fit disparaître du champ de la caméra. La personne qui filmait posa alors sa caméra au sol. Faustine l'entendit chercher quelque chose dans la poche de sa veste. Il tourna légèrement la caméra afin que l'on puisse voir ce qu'il sortit de sa poche, mais pas assez pour pouvoir distinguer son visage, ou un élément permettant de l'identifier. Et cela inquiéta Faustine car il sortit une boîte d'allumettes. Il l'ouvrit et en sorti une petite tige de bois. Il repris la caméra dans ses mains et entra à l'intérieur de l'appartement. Tout était rempli d'immenses piles de journaux et Faustine ne voyait même pas Yülia, Màrk ou même leurs parents. Mais elle les entendait parler. Ils étaient tout près, peut-être même derrière la pile d'à côté. Faustine commençait à avoir peur. Peur de ce que le caméraman allait faire de son allumette. Peur de savoir s'il allait l'allumer. Peur de savoir comment tout cela allait finir. Mais elle ne pouvait s'empêcher de regarder l'écran, elle était comme hypnotisée. Le caméraman frotta alors son allumette contre la boîte mais rien ne se produisit. Il recommença et une petite flamme apparut alors à l'extrémité du bout de bois. L'homme qui filmait (elle était maintenant sûre que c'était un homme) tourna la caméra vers lui et se mit à sourire. On ne voyait que sa bouche. Elle était entourée d'une légère barbe de trois jours. Et il souriait. D'un rictus malsain et sadique que seul un homme aimant faire du mal aux autres peut esquisser.

    Il posa alors son allumette sur une pile de journaux et elle s'enflamma aussitôt. Le feu se propagea à la pile d'à côté, et l'incendie se mis à brûler dans trois autre piles, qui en enflammèrent deux autres, et ainsi de suite jusqu'à ce que tout l'appartement soit en train de brûler. Faustine entendait Yülia et Màrk hurler de terreur. Ils slalomaient entre les piles en feu et tombèrent alors sur le caméraman, qui les attrapa par le poignet. Il rangea la caméra dans sa poche, afin de ne pas effrayer les enfants plus qu'ils ne l'étaient déjà. Et il se mit à leur parler d'une voix mielleuse pour les rassurer.

     

    « -Venez les enfants ! Je vais vous sortir de là !

    -Non !!! Papa et maman... On ne peut pas les laisser là... Il faut les retrouver !

    -Je retournerai les chercher après ! Ils faut que vous sortiez maintenant !

    -Mais...

    -Ne discute pas Yülia ! »

     

    La petite fille fut tellement choquée de voir que l'homme connaissait son prénom que ce fut la raison qui la convainc de le suivre. Si il la connaissait, il ne devait pas être dangereux. Faustine se dit que c'était ce qu'avait pensé la petite car elle se mit à le suivre à l'extérieur de l'appartement, tout en tenant Màrk par la main. Ils dévalèrent en trombe les escaliers de l'immeuble tandis que tous les locataires faisaient de même. L'homme passa donc inaperçu parmi toutes les autres personnes affolées, qui criaient de terreur. Il sortit de l'immeuble, Màrk dans ses bras et Yülia tenant sa main.

    Il les amena en courant vers une camionnette bleue et ouvrit la portière arrière. Il fit monter les deux enfants affolés dedans et referma la porte. Il contourna le véhicule et s'engouffra à l'intérieur. Yülia le regarda, paniquée.

     

    « -Papa et maman... Il faut aller les chercher !

    -Non.

    -Mais...

    -Regarde Yülia. Regarde l'immeuble.

     

    Yülia tourna la tête vers le bâtiment et vit avec horreur que tous les étages étaient en feu et que le toit et les étages supérieurs commençaient à s'effondrer.

     

    -Les pompiers ne sont toujours pas là et l'immeuble s'effondre. C'est trop tard Yül'. »

     

    Entendre cet inconnu l'appeler par son surnom la perturba. Et l'entendre lui dire que ses parents étaient probablement morts la fit se renfermer sur elle-même. L'homme sortit la caméra de sa poche et la posa sur le siège passager et la tourna discrètement vers la banquette arrière. Faustine pouvait donc voir les enfants, enfermés dans leur mutisme.

    Yülia regardait Màrk. Le petit garçon pleurait silencieusement, en regardant ses chaussures. Sa sœur posa une main sur le bras de son petit frère et celui-ci la regarda. Les larmes ruisselaient toujours sur ses joues mais Màrk ne faisait aucun bruit.

    Faustine se trouvait devant son écran, impuissante face à ce qu'elle voyait, sachant que tout cela s'était passé il y a plus de 35 ans, et que personne n'avait probablement rien fait, ni rien vu d'ailleurs.

    Yülia regarda par la fenêtre pendant tout le trajet. Arrivés à destination, l'homme qui conduisait coupa le moteur et repris la caméra, il la tourna vers lui, de sorte à ce que l'on ne voit toujours que sa bouche. Il se mit à sourire de nouveau, avec le même rictus sadique et se mit à chuchoter pour que les enfants n'entendent pas ce qu'il allait dire. C'était d'ailleurs une très bonne chose car ce qu'il dit fut affreux à entendre. L'homme se mit à chantonner discrètement.

     

    « Maintenant ils sont à moi. Et on va bien s'amuser. Jolis joujoux, jolis joujoux. Ils sont à moi et on va jouer. On va jouer à ma façon. Et on va bien s'amuser. Jolis joujoux, jolis joujoux... »

     

    Alors c'était ça ? Il avait tout planifié. Il les avait suivis. Il avait tout filmé pour pouvoir revoir en boucle son ''exploit''. Il avait tout préparé pour enlever Màrk et Yülia. Il voulait jouer avec eux. En faire ses esclaves. Ses jouets.

    Faustine pris la télécommande, appuya sur « PAUSE » et fut prise d'un haut-le-cœur. Elle courut à la cuisine afin de rendre son petit-déjeuner dans l'évier. Elle était écœurée et regrettait d'avoir été si curieuse. Si elle avait éteint la télé et jeté la cassette avant qu'il ne soit trop tard, elle n'aurait jamais assisté à ce meurtre-kidnapping. Mais elle se dit que si elle avait éteint, Faustine n'aurait rien su et tout serait resté secret. Elle retourna s'asseoir sur le canapé du salon et hésita à remettre la vidéo en route. Elle était dégoûtée et n'osait pas voir la suite. Mais d'un autre côté, si elle ne regardait pas, tout ce qu'avait subit Yülia et Màrk resterait inconnu et il n'y aurait aucune justice.

    Elle pris donc la télécommande et appuya sur le bouton « PLAY » à contrecœur, et avec une certaine appréhension. L'homme repris la caméra et la fourra dans sa poche. Il sortit de la camionnette et ouvrit la portière arrière pour que les enfants puissent descendre. Il les emmena à l'intérieur de la maison devant laquelle ils se trouvaient et l'homme essaya de les consoler. Faustine entendait toutes les paroles mielleuses et fausses qu'il prononçait et fut écœurée. L'homme ressortit la caméra de la poche de son manteau et la posa sur la table de la cuisine. Puis il s'adressa à nouveau aux enfants.

     

    « -Je reviens. Je vais ranger ma veste. Vous restez bien sagement assis là et vous m'attendez. J'en ai pour deux secondes.

    -Oui... »

     

    Faustine pouvait voir Yülia, debout, près d'un tabouret sur lequel était assis Màrk. Le petit garçon avait arrêté de pleurer et sa sœur semblait se retenir afin de rester forte devant son frère.

    L'homme revint et ouvrit une porte, à côté de la cuisine. Elle donnait sur un escalier qui descendait à une sorte de cave. Faustine commençait réellement à avoir peur. Peur pour les enfants et peur de ce que l'homme pouvait bien avoir envie de leur faire. Peur de ce qu'il appelait « s'amuser » et « jouer ». Peur de ce qu'il comptait faire de ses « joujoux ».

     

    « -Allez venez. Suivez-moi. Je vais vous montrer votre... chambre. Vous allez habiter avec moi désormais. Je vais tout vous expliquer, en-bas. »

     

    Màrk descendit de son tabouret et Yülia pris sa main. Ils se dirigèrent vers la porte que l'homme avait ouverte et descendirent dans le sous-sol. L'homme pris alors la caméra avec lui et descendit à leur suite. Il appuya au passage sur un interrupteur et une ampoule s'alluma dans la cave. Il y avait deux matelas posés à-même le sol, un petit lavabo et deux caisses en plastique, qui devaient faire office d'armoires pour les enfants.

    L'homme leur intima de s'asseoir sur les matelas et leur expliqua les règles.

     

    « -Bon, ici c'est simple. Vous faites tout ce que je dis. Vous ne criez pas. Vous répondez quand je vous parle. Vous ne mentez pas. Vous respectez les règles que je fixe. Et le plus important : vous OUBLIEZ votre passé. FINI. AUX OUBLIETTES. ON EN PARLE PLUS. Maintenant c'est moi votre famille. VOUS OUBLIEZ MÊME VOS NOMS.

    -Mais comment on va s'appeler alors ?

    -Yülia tu t’appelleras... Attends, tiens.

     

    Il lui passa son petit carnet en cuir, le même que celui qui était dans le carton, sur la table de la cuisine de Faustine..

     

    -Note ton nom là-dedans. Yülia Stratòwski tu ne te présenteras plus jamais sous ce nom. Maintenant, quand on te demandera comment tu t'appelles, tu répondras... »

     

    La vidéo s'arrêta là. L'écran était tout noir. La vidéo était terminée. Fini le cauchemar. Quoique... Faustine se leva et alla à la cuisine. Elle pris le carnet en cuir de la petite Yülia et l'ouvrit, à la dernière date. C'était six jours après l'incendie-meurtre-kidnapping.

     

    «  28 juin 1978

     

    Màrk est mort le Vendredi 24 juin 1978. Mon nouveau papa m'a dit que c'était à cause de toute la fumée toxique qu'il avait avalée pendant l'incendie. Màrk va me manquer. D'ailleurs je ne devrais pas l'appeler comme ça. Parce que mon nouveau papa a dit qu'il s'appelait Eric. Papa et moi avons emménagé dans une vieille maison abandonnée, deux jours après la mort de Màrk. Je n'ai pu emmener que mon petit carnet et la caisse en plastique qui contenait les vieux vêtements que papa m'avait donnés. Nous vivons maintenant en France, à Loctudy. De ma fenêtre je peux voir l'océan. Depuis deux jours, papa me laisse aller dans le jardin, quand il n'y a pas trop de monde dehors. J'ai l'impression qu'il ne veut pas que les voisins nous voient. Qu'il ne veut croiser personne.

     

    Aujourd'hui un monsieur est venu me voir pendant que je jouais avec mon nouveau papa dans le jardin. Le monsieur m'a demandé comment je m'appelais. J'ai répondu « Faustine Javry. ».  ».

     

     

     

     


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  • La nuit porte conseil

     

     

    Allongée sur mon lit, je tente de garder mes yeux ouverts. Dehors il fait nuit, il est 23 heure, et c'est l'heure de dormir. Nous sommes le 13 janvier 1985 et demain c'est mon anniversaire. J'ai hâte. Je dois fermer les yeux, m'endormir, mais j'ai peur de le faire, peur que la promesse de papa ne fut qu'un rêve. Devant ma fenêtre, la lumière du lampadaire grésille. Petit à petit, la rue devient floue, et toutes les sources de lumière se transforment en un million de petites lucioles. Dehors, j'entends des trompettes. Des gens rient et dansent. Il y a de la musique. Je me lève de mon lit et me dirige vers ma fenêtre. Les gens poussent « Oooooh ! », des « Wouaaaaah ! » et toutes sortes d'autres cris d'admiration.

    C'est alors qu'un tourbillon de lumière m'encercle et me fait tourner sur moi-même. Quand il s'arrête, je ne suis plus dans ma chambre. Je regarde au sol et me rends compte que mon parquet à laissé la place à du goudron. Je relève la tête et découvre que je suis arrivée dans la rue, par je ne sais quel miracle. Il y a énormément de monde autour de moi et ils poussent toujours autant de cris. Je ne sais pas où je suis.

    Je fais alors un tour sur moi-même, cherchant quelque chose qui me serait familier. Derrière moi, je vois une boîte au lettre et m'avance vers elle. Peut-être que je connais le nom qui est inscrit dessus. Sur une étiquette orange était écrit « Richard, Laurène et Charlie Smith ». Charlie ? Mais qu'est-ce que je fais devant sa maison ?

    Charlie Smith est mon meilleur ami. Nous avons fait toutes nos bêtises ensemble. Nous sommes dans la même classe depuis que nous sommes entrés à l'école. Dès que je l'ai vu, j'ai senti que nous allions devenir amis. Et c'est arrivé. Il est venu vers moi avec son petit sourire et il m'a dit « On est amis ! ». J'ai tout de suite compris à son ton que ce n'était pas une question. Nous étions amis, point ! Et c'est ce qui m'a fait dire « Bah oui ! ». C'est cette décontraction qui m'a conforté dans mon idée que nous ferions beaucoup de bêtises ensemble et ça me plaisait beaucoup. Et nous sommes restés amis.

    Mais je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi je me trouve devant sa maison… Au moins, je sais à présent où je me trouve. Charlie habite en face de la place de la Mairie. J'entends alors quelqu'un m'appeler.

     

    « Julie ! Julie viens voir ! Le lion arrive ! »

     

    Je ne comprends ce que cela signifie mais la voix m'est familière. Je m'avance vers elle, espérant que je ne me perdrais pas dans cette foule immense.

     

    « Julie ! Julie viens voir ! Le singe arrive ! »

     

    Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Et qui m'appelle ? Je n'arrive toujours pas à mettre de nom sur cette voix… Mais je sens que je m'en rapproche, alors je continue à jouer des coudes pour me frayer un passage.

    J'arrive près d'une barrière en métal, quand la voix m'appelle à nouveau.

     

    « Julie ! Julie viens voir ! Le cheval arrive ! »

     

    La voix n'est plus très loin cette fois et je décide de longer la barrière en courant, pour ne pas avoir à retourner dans la foule. Je cours aussi vite que je le peux. Mais il y a quand même du monde et, sans le faire exprès, je me cogne dans quelqu'un. Le choc me fait tomber à la renverse. Je relève la tête pour voir qui est-ce que j'ai heurté et rencontre les yeux verts d'un petit garçon blond. Il tient un lapin en peluche contre sa poitrine et s'accroche à la barrière. Il porte un pull en laine couleur rouge bordeaux et un jeans bleu foncé, troué sur les genoux et trop grand pour lui. Il a des bleus sur le cou. Maman m'a dit qu'on appelait ça des « ecchymoses ». Et lui, il en a beaucoup. Je m'empresse de m'excuser rapidement.

     

    « -Pardon. J'ai pas fait exprès. Je… Pardon.

    -C'est joli aujourd'hui. me dit-il comme s'il n'avait pas entendu ce que je venais de lui dire. J'aime bien les animaux. Et toi ? Moi j'attends le panda.

    -Euh… oui. Oui, j'aime bien les animaux. J'espère que le panda sera joli.

    -Il le sera.

    -Pardon de t'avoir foncé dedans. Je courus et puis…

    -Ce n'est rien.

    -Bon spectacle !

    -Merci. »

     

    Je fais un rapide sourire au petit garçon aux ecchymoses et reprends ma course, faisant tout de même attention de ne pas me cogner encore une fois. Et la voix m'appelle de nouveau.

     

    « Julie ! Julie viens voir ! Le tigre arrive ! »

     

    Cette fois je lève la tête et regarde autour de moi pendant que la personne m'appelle. C'est en regardant sur ma gauche que je vois papa. Il sourie et reste émerveillé devant les nombreux chars qui passent devant nous. Alors c'était donc ça, tous ces animaux qui arrivaient et que papa voulait me montrer ? Les chars… Mais oui ! Bien sûr ! Le Carnaval ! Je cours vers papa et, quand j'arrive devant lui, il me prend dans ses bras et me met sur ses épaules.

     

    « -Où étais-tu encore passée ?

    -Je me suis perdue. J'étais dans ma chambre et après je me suis retrouvée devant la maison de Charlie et…

    -Oh regarde Julie, c'est la panthère !

    -Papa…

    -Regarde comme elle est belle !

    -Oui elle est très jolie.

    -Tu as vu Charlie?

    -Non. Mais je me suis cognée dans un petit garçon et…

    -Tu t'es excusée au moins ?! Ce n'est pas parce que c'est la fête qu'il faut oublier les bonnes manières.

    -Oui, bien sûr que je me suis excusée !

    -Bon, c'est bien. Et ensuite… ?

    -Et ensuite il m'a dit qu'il avait hâte de voir le panda arriver. C'est bizarre, il avait l'air de ne jamais avoir vu un Carnaval de sa vie…

    -Tu sais Julie… Il y a des enfants dont les parents ne peuvent pas les amener au Carnaval très souvent. Parfois même jamais.

    -Peut-être qu'il avait trop mal pour pouvoir y aller…

    -Pourquoi tu dis ça ?

    -Parce qu'il avait des bleus dans le cou… Maman appelle ça des « ecchymoses ».

    -C'est vrai… ?

    -Bah oui. »

     

    C'est bizarre mais j'ai l'impression que papa vient de blanchir un peu… Peut-être qu'il sait si le garçon s'est fait mal. Peut-être qu'il l'a vu tomber de vélo… Non. On ne peut pas se faire ça en tombant de vélo… Mais comment se fait-il qu'il ait autant de bleus… ?

     

    « -Papa ?

    -Oui Julie ?

    -Comment tu crois qu'il s'est fait des bleus ? On peut pas se faire des bleus comme ça en tombant de vélo…

    -Julie… Tu sais, parfois, certains papas ou certaines mamans n'aiment pas leurs enfants. Ou alors ils boivent beaucoup. Enfin bref, certains parents font parfois du mal à leurs enfants…

    -Comme quand on donne une fessée ?

    -Non Julie. C'est plus qu'une fessée. Certains parents frappent leurs enfants. Ils sont très méchants avec eux.

    -Mais ils n'ont pas le droit !

    -Les gens ne savent pas. Ce petit garçon que tu as vu… Peut-être que son papa ou sa maman lui fait du mal… Mais peut-être que je me trompe… Peut-être que… Enfin bref. Oh regarde Julie ! Le tigre blanc !

    -Oui, il est beau… »

     

    Mais je n'ai plus goût à regarder les chars passer après ce que papa vient de m'annoncer. C'est horrible. On ne peut pas faire ça à un enfant !

    C'est alors qu'une voix rauque et grave s'élève par-dessus le tumulte des festivités :

     

    « Max ! Viens là ! Qui t'a permis de venir ici ? Viens là j'te dis ! Viens recevoir ta fessée ! »

     

    Le petit garçon aux ecchymoses se retourne vivement, la peur dans les yeux. Il se met à courir et essaye de se frayer un passage. Mais la foule est dense et l'enfant trop petit. C'est lui Max ? Il essaye de s'enfuir mais n'y arrive pas et avance très lentement, alors que l'homme, son père sans doute, cours plus vite. La voix, qui continue de lancer des menaces, se fait de plus en plus proche. L'homme sent l'alcool et le tabac. Comme les papas qui frappent leurs enfants… Ses habits sont sales et une barbe de trois jours, mal rasée, lui donne un visage de fou. Il me fait peur. Ses yeux exorbités sont injectés de sang. J'ai peur pour Max.

     

    « -Cours, Max ! Cours ! » lui criais-je.

     

    Mais Max ne peut pas courir parmi la foule trop importante… Son père arrive alors près de lui et l'attrape par le pied. Le petit garçon pleure et crie à son père de le laisser tranquille. Mais l'homme se met à sourire. Et il lui donne une claque qui laisse une marque sur la joue du petit garçon. L'homme tient toujours son fils par le pied et se met à le secouer, alors que Max a la tête en bas. Le père du petit garçon lui met un coup de genoux dans le ventre. NON !!! Il n'a pas le droit ! Que quelqu'un fasse quelque chose !

     

    « -Papa fait quelque chose !

    -Je… Je ne peux pas Julie… Je ne peux p…

    -Si tu peux ! Tu as juste à lui prendre la main et à l'empêcher de frapper Max !

    -Julie je ne peux rien faire ! C'est son père, je n'ai aucun droit…

    -Non... »

     

    Max a, à présent, les yeux fermés. Non… Il ne peut pas être… Max ! Non ! Un père ne peut pas faire ça à son fils. Il n'a pas le droit ! Papa me prend alors dans ses bras et essaye de m'emmener loin de cette scène affreuse.

    C'est alors qu'une femme nous fonce dedans puis continue sa route sans s'excuser. Elle pleure. Elle prend Max dans ses bras et pousse le père. Il tombe à la renverse et regarde sa femme, hébété. Elle se met à couvrir Max de baisers et à l'appeler de tous les surnoms que l'on peut donner à un enfant qu'on aime. Mais l'enfant ne se réveille pas… Max… La femme continue de verser toutes les larmes de son corps sur le visage de son fils. Elle enlève sa propre écharpe et la passe autour du cou de son fils, sûrement pour ne plus voir ses ecchymoses. Et elle pleure.

    Papa m'emmène avec lui et nous arrivons devant la barrière à laquelle était accroché Max. Je regarde par terre et voit le lapin en peluche du petit garçon. Celui qu'il serrait contre sa poitrine. Je me baisse pour le ramasser et papa met alors son doigt sous mon menton, pour que je le regarde. Il essuie les larmes qui ont coulé sur mon visage et sors un mouchoir de sa poche pour moucher mon nez. Il prend alors le lapin dans sa main et le regarde. Le lapin se met alors à sourire et tourne sa tête en tissu vers moi.

     

    « -La nuit porte conseil Julie... 

     

    NON !!!

    Mes draps sont trempés de sueur. Mon réveil affiche 4h41. L'heure à laquelle je suis née… L'heure de mon anniversaire…

    Je ne veux plus ! Je ne veux plus aller au Carnaval ! Papa et maman m'avaient promis de me laisser choisir :

     

    « C'est comme tu veux Julie. Le Carnaval ou le musée. Tu nous diras demain. La nuit porte conseil. »

     

    La nuit porte conseil. La nuit porte conseil.

     

     La nuit porte conseil. Oui papa. La nuit porte conseil. Oui maman. Aujourd'hui j'ai 5 ans et pour fêter cela, en bonne peureuse que je suis, je vous invite au Musée. 


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