• Mercredi 27 janvier 2009, 08h03, commissariat de police de Westminston, laboratoire.



    L'analyste du laboratoire, Mary Quint venait d'entrer dans son lieu de prédilection. Elle se dirigea vers son ordinateur et vit que les résultats pour la salive trouvée sur le rouleau de Chatterton étaient prêts. Elle cliqua donc sur le bouton ''imprimer'' et se dirigea vers la photocopieuse afin de récupérer les feuilles.

    Elle revint au labo et étala les résultats sur la table métallique, comme elle avait l'habitude de le faire à chaque fois. Mais cette fois-ci, ce qu'elle lut ne la laissa pas de marbre...

    Elle sortit du laboratoire en trombe, ses résultats coincés sous le bras, et partie en courant vers le bureau de Kurt Berhzo. Elle frappa prestement à la porte et l'homme lui ouvrit, surpris. Elle entra, essoufflée, et étala fébrilement les feuilles sur le bureau.

    « Ça y est, j'ai eu les résultats !

    - Ah tant mieux ! souffla Berhzo.

    - Hum... Ne vous réjouissez pas trop vite Kurt...

    - Pourquoi ?

    - Ce que vous allez lire va... vous surprendre.

    - Vraiment ?

    - Oui. »

    Berhzo se pencha sur le bureau et examina les feuilles. Spitz, qui venait d'entrer à son tour dans le bureau de son collègue, lut par-dessus l'épaule de ce dernier. Plus ils avançaient dans leur lecture et plus leurs yeux s'agrandissaient d'étonnement, de stupeur et d'incompréhension.

    « Non... murmura Spitz.

    - Je suis désolée les garçons mais les résultats sont incontestables... Je n'ai pas d'autre explication. Je pense que vous devriez aller faire un petit tour chez Ïan. Pour au moins essayer de comprendre...

    - Oui... on va... on va aller voir Ïan. Il aura sûrement une explication. Et on pourra reprendre notre enquête.

    - OK. Désolée les gars. J'espère vraiment qu'il y a eu méprise. Vous m'en direz plus..?

    - Oui, on t'appelleras Mary. »

    Berhzo et Spitz sortirent du bureau et allèrent dehors prendre l'air. Après s'être appuyés cinq bonnes minutes contre un mur du bâtiment afin d'encaisser la nouvelle, ils se dirigèrent vers la Range Rover de Berhzo, s'y engouffrèrent et se dirigèrent vers la maison de leur collègue.

    Il y avait forcément une explication, se disaient-ils.

     

     Il y avait forcément une explication... 


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  • Mercredi 27 janvier 2009, 11h23, maison de Ïan Hirvy/L'homme au chapeau, devant la porte d'entrée.



    Kurt et Irvy sortirent de leur voiture et remontèrent l'allée qui menait jusqu'à la porte d'entrée de la maison de Ïan. Aucun d'eux ne voulait frapper à cette porte, redoutant ce que leur collègue pourrait leur dire, une fois à l'intérieur.

    « Hum... Kurt...

    - Oui ?

    - Tu sais... Je... je pense qu'il vaudrait peut-être mieux qu'on sorte nos armes... proposa Spitz.

    - Quoi ?!

    - Je sais que c'est notre collègue mais... imagine que... qu'il n'y ait pas eu d'erreurs dans les résultats... si... si c'est vraiment lui... il vaut mieux ne pas prendre de risques.

    - Oui, tu as raison. Mais... si c'est vraiment lui... Alors, Ïga...

    - J'espère de tout cœur qu'elle est chez elle, dans son lit, en train de se reposer.

    - Oui... j'espère... »

    Les deux agents sortirent leur arme de service et Irvy frappa à la porte. Trois petits coups secs. Ils entendirent des bruits de pas provenants de l'intérieur, une pause, puis à nouveau des bruits de pas, se rapprochants. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrait. Kurt et Irvy levèrent leurs armes et les pointèrent sur Ïan, dès qu'il ouvrit la porte.

    Ce dernier avait également une arme à la main et tira dès qu'il aperçut ses collègues. L'une des balles toucha Berhzo au bras. Spitz tira juste après et toucha Ïan à l'estomac. Il tomba à terre et commençait déjà à se vider de son sang. Mais il était encore vivant et Irvy s'agenouilla près de lui.

    « Où est-elle ?!

    - Qui ça... ?

    - Ahénolïa !

    - Tu ne cherches que Nolie ? Ce n'est pas très gentil pour les autres...

    - Quels autres ?

    - A ton avis, où est ta chère collègue ?

    - Ïga... OÙ EST-ELLE ? OÙ EST ÏGA ? se mit-il à hurler.

    - Mystère mon cher Spitz... Toi et ta grande faculté de déduction devraient pourtant la trouver... Quel dommage que vous soyez arrivés si tôt... J'avais l'intention de les faire mourir de faim... ou de soif.

    - Espèce de...

    - Spitz, pas d'insultes s'il te plaît... Tu viens de me tirer dessus. »

    Spitz se releva et se rua à l'intérieur de la maison, laissant Ïan et Kurt dans l'entrée. Il cria le prénom de sa collègue, et l'entendit lui répondre.

    « ÏGA ! OÙ ES-TU ?

    - Dans la cave ! Près de l'escalier ! La porte en bois !

    Irvy se tourna dans cette direction et enfonça la porte. Il dévala les marches à toute vitesse et arriva en bas, dans la cave. C'est alors qu'il aperçut Ïga, assise par terre, dans un coin de la pièce, entourée d'enfants.

    - Oh mon Dieu...

    - Irvy...

    Ïga s'évanouit de soulagement en le voyant, exténuée de n'avoir pas dormit de la nuit, commençant à être déshydratée. Spitz courut vers elle et la prit dans ses bras. Huit. Huit enfants étaient également enfermés, entourant Ïga.

    - Je reviens vite vous chercher les enfants, d'accord ? N'ayez pas peur, je suis un ami d'Ïga, leur dit Spitz en les voyant.

    - On vous croit monsieur. Mais est-ce qu'elle va bien cette dame ? demanda une petite fille blonde aux yeux verts, en montrant Ïga.

    - Ne vous inquiétez pas ! Je reviens vite !

    Spitz remonta les marches en courant, Ïga dans ses bras, et ressortit de la maison. Il ouvrit la portière arrière de la voiture de Kurt et déposa la jeune femme sur la banquette arrière.

    - T'inquiète pas Ïg' ! Ça va aller !

    Il sortit son téléphone et composa le numéro du commissariat. Après deux sonneries, quelqu'un décrocha.

    - Commissariat de police de Westminston, j'écoute.

    - Ici l'agent Irvy Spitz. Je suis chez l'agent Ïan Hirvy, au 6 rue des Châtelles. J'aurais besoin d'une ambulance, j'ai deux blessés, peut-être plus.

    - D'accord je vous l'envoie tout de suite !

    - Faites vite !

    Irvy raccrocha, rangea son téléphone dans sa poche et retourna à l'intérieur de la maison. Mais lorsqu'il passa près de la cuisine, quelque chose attira son attention : Ïan avait mis le feu à trois chaises avant d'aller leur ouvrir. Et les flammes s'étaient répandues à une autre chaise ainsi qu'à la table de la cuisine. Irvy courut donc à la cave et dévala les marches.

    - Les enfants vite ! Levez-vous !

    - Certains ne peuvent pas marcher monsieur.

    - Combien ?

    - Quatre.

    - Les quatre qui peuvent marcher vous me suivez, d'accord ? Je vais prendre deux autres dans mes bras ! »

    Irvy s'approcha des enfants et prit deux petites filles brunes dans ses bras. Il intima à ceux qui pouvaient marcher de le suivre et ils remontèrent les marches avant sortirent de la maison. Irvy leur ouvrit la portière de la voiture et les six enfants entrèrent tous dedans. Heureusement, la voiture de Kurt était grande et ils purent tous y pénétrer. Entre temps, Ïga s'était à moitié réveillée, s'était assise sur la banquette et avait ouvert une fenêtre.

    Irvy retourna à l'intérieur, redescendit à la cave et prit dans ses bras les deux derniers enfants, une petite fille rousse et une autre, blonde. Il remonta les marches de la cave mais le feu barrait à présent le passage jusqu'à la porte d'entrée. Irvy fit donc demi-tour et pivota trois fois sur lui-même avant de voir la porte qui donnait accès au garage.

    Il l'ouvrit et sortit dehors. Du jardin, il put voir que Ïan avait également mis le feu à l'étage. Il contourna toute la maison et arriva dans l'allée menant à la porte d'entrée.

    Il amena les enfants jusqu'à la voiture et les fit monter dedans. C'est alors qu'il entendit les sirènes de l'ambulance, au bout de la rue. A ce bruit, les voisins furent tous alertés et sortirent dans leurs jardins.

    Irvy fit signe aux ambulanciers et ils se garèrent devant la voiture de Kurt.

    « J'ai quatre enfants qui ne peuvent plus marcher, une personne à moitié évanouie et un blessé. Enfin, deux.

    - D'accord. On va s'occuper des blessés en premier.

    - L'un d'eux est le criminel.

    - OK.

    Les ambulanciers se dirigèrent vers Kurt et Ïan et les amenèrent dans l'ambulance, grâce à des civières.

    - Messieurs !

    - Oui ?

    - Les enfants qui ne peuvent pas marcher ne pourront pas aller dans la même ambulance que le coupable. C'est lui qui les a enlevés...

    - D'accord. Vous avez assez de place dans votre voiture pour tous les emmener à l'hôpital ?

    - Je pense oui.

    - Alors suivez-nous. »

     

     Irvy monta dans la voiture de Berhzo et démarra. A l'arrière, Ïga était à nouveau évanouie et les enfants ne faisaient pas un bruit. Spitz roula jusqu'à l'hôpital, derrière l'ambulance... 


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  • Vendredi 31 janvier 2009, 13h27, sur un banc du parc Langley, en face du commissariat de Westminston.



    « Au final il nous a tous bien eus, soupira Ïga. »

    Ïga Bory et Simönn Jarvy étaient assis côte à côte sur un banc en bois, en face de la fontaine. Deux jours après que Kurt et Irvy l'eurent retrouvée, Ïga était toujours aussi tourmentée de n'avoir rien vu venir. Simönn, qui avait eu confiance en Ïan pour aider Ïga à surmonter ses cauchemars, était aussi déboussolé qu'elle. Lui, le psychologue qui établissait les meilleurs profils psychologiques de toute la région, n'avait rien vu arriver.

    « Je crois bien que oui, lui répondit Simönn. Mais tant pis.

    - Quoi ?!

    - Il va mourir et on sera tranquille. Enfin apaisés. Détruits pour toujours, mais ensemble. Et c'est tout ce qui compte...

    - Tu sais pourquoi il m'avait enlevée ?

    (…)

    - C'était prévu. Il ne m'avait pas invitée chez lui pour rien. Il voulait profiter de moi. Se servir de moi, pour raviver son passé. C'est son père qui m'avait enlevée quand j'étais petite. Mais quand il a été condamné à mort, Ïan a eu dans la bouche un arrière goût d'inachevé. Son père n'avait pas totalement réussi sa tâche. Alors Ïan s'était promis de le venger et d'achever son but. Il n'avait pas pensé que j'entendrais Ahénolïa. Mais il pensait me droguer pendant la nuit. Me porter jusqu'à la cave et m'attacher comme il l'a fait. Au final, la quasi-totalité de son plan a réussi. Sauf pour ce qui est du dénouement.

    « Mais c'est du pareil au même. Parce qu'il a embrassé mes cicatrices, pendant que je dormais. Les cicatrices que son père m'avait faites en mutilant mon corps avec son vieu couteau de chasse entièrement rouillé. Je l'ai su en descendant en bas, tandis que j'allais me servir un vers d'eau. Juste avant d'entendre les enfants. En descendant les marches, j'ai senti quelque chose d'humide sur ma peau. J'ai passé mes doigts sur chacune de mes cicatrices. Et c'était comme si ses lèvres m'avaient marquée au fer rouge. Comme si je pouvais sentir chacun de ses baisers sur ma peau avec toute l'ardeur qu'il avait mis à se délecter des marques laissées par son père. Et moi je n'en avais rien su. Parce que je dormais, tout simplement. Rien n'arrive quand il le faut avec moi. Parce que si je m'étais réveillée à ce moment-là, si j'avais senti ses lèvres sur mon corps, je l'aurais arrêté immédiatement. Je ne serais pas descendue boire un verre d'eau, tout simplement parce que je serais partie de la maison dès qu'il se serait endormi. Et alors...

    - Alors Ahénolïa et tous les autres enfants seraient probablement morts dans cette cave et Ïan serait toujours vivant. Alors, l'enquête sur la disparition de cette petite fille aurait sûrement tourné en rond pendant longtemps, avant d'être oubliée, comme celles qui avaient été ouvertes pour les autres enfants qui étaient dans cette cave.

    - Oui, tu as sûrement raison.

    - Rien n'arrive pas hasard Ïga... Nous voilà comme deux idiots, assis sur un banc à se geler les doigts de pieds depuis 3 heures en ravivant nos vieux Démons. Mais à ton avis, pourquoi est-ce que je ne me suis pas levé pour te proposer d'entrer dans le bâtiment et discuter au chaud.

    - Je ne sais pas.

    - Toi, non... mais moi je le sais. »

    Simönn se leva avant de poser un genou à terre et de sortir un petit coffret en velours de la poche de son manteau.

    - Ïga Bory... veux-tu m'é...

     

     - Oui... oui, je le veux de tout mon coeur. »


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  • Plus d'un mois s'était écoulé depuis qu'Irvy et Kurt avaient sauvé Ïga et les huit enfants. Les quatre qui ne pouvaient plus marcher suivaient à présent des cours de rééducation et progressaient à grande vitesse. Deux d'entre eux pouvaient presque courir.

    Ïga avait maintenant 32 ans et allait beaucoup mieux à présent. Elle avait des séances de psy régulières avec Simönn Jarvy, qui vivait à présent avec elle et venait de lui demander sa main.

    Ahénolïa avait refusé de retourner chez ses parents et son père n'était pas contre. Cette réaction avait d'ailleurs outré les juges du tribunal qui avaient donc retiré la garde de l'enfant à ses parents. Toute cette affaire avait donné une leçon à la petite fille. Elle se montrait maintenant humble, modeste, généreuse, gentille, attentionnée et très travailleuse à l'école. Elle ne supportait plus le surnom de Nolie et refusait catégoriquement que quelqu'un l'appelle comme ça.

    Alésia avait été dévastée par cette nouvelle et avait divorcé. Cependant elle était toujours au chômage, sans mari et s'était mise à boire avec toute cette affaire, ce qui empêchait les juges de lui confier la garde de sa fille.

    Irvy et Kurt avaient reçu la médaille d'honneur du pays, pour leur exploit exceptionnel.

    Six des huit enfants avaient été rendus à leurs parents respectifs et étaient maintenant heureux, bien que très choqués et marqués par ce qu'il leur était arrivé.

    Ïga avait demandé à avoir la garde de deux enfants : Ahénolïa et l'enfant numéro 3. Elle avait gagné cette bataille et cette garde lui avait été accordée.

    L'enfant numéro 3 s'appelait maintenant Dévïnn.

    Ïga avait quitté son travail, trop bouleversée et marquée par les évènements, et avait quitté Westminston. Elle était retournée habiter en Hollande avec ses deux nouveaux enfants et son futur mari et rendait parfois visite à Irvy et Kurt, bien que ce soit plus souvent eux qui venaient la voir, sachant qu'elle n'était plus très à l'aise à Westminston.

    Quant à Ïan Hirvy, il avait été condamné à la peine de mort sur la chaise électrique. Sa peine avait été exécutée le 24 février, à 17h58. Sa maison avait brûlée dans l'incendie qu'il avait lui-même provoqué, le mercredi 27 janvier, les pompiers étant arrivés trop tard sur les lieux.

    Ïga vivait maintenant heureuse avec Simönn, Dévïnn et Ahénolïa. Mais tout au fond d'elle, elle savait qu'elle ne pourrait jamais oublier cette histoire, et espérait de tout son cœur que personne ne vivrait jamais la même...



     



    Mercredi 5 mars 2009, 13h06, ville d'Amsterdam.

     

     


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