• Dimanche 24 janvier 2009, 8h42, commissariat de police de Westminston, salle de réunion.

     

    Tout le monde était là. Bory était adossée à la fenêtre, Hirvy était debout contre le mur du fond, Spitz était dans l'angle de droite et Berhzo dans celui de gauche. Ces deux derniers se regardaient, attendant que Bory prenne la parole, et Hirvy regardait sa chef. Au bout de plusieurs minutes, elle se tourna vers la fenêtre pour regarder dehors et commença à parler.

    « Bon. Il faut absolument qu'on envoie plusieurs patrouilles ratisser les bois. Des volontaires, des bénévoles... Il faut que nous soyons sûrs qu'elle ne se soit pas simplement perdue.

    - Comment est-ce qu'on peut être sûrs qu'elle ne soit pas sortie du bois et partie ailleurs, en cherchant une sortie ? demanda Spitz.

    - Impossible. Elle est déjà venue plusieurs dizaines de fois dans le bois avec ses parents. Elle aurait reconnu le parking ou les autres sorties. Et puis elle serait déjà rentrée. Ne serait-ce que pour manger.

    - OK. Donc si on ne la trouve pas dans les bois... commença Berhzo.

    - C'est qu'elle a été enlevée, finit Bory

    - Et si c'est le cas, on fait quoi ? Demanda Hirvy.

    - On cherche des indices partout. Dès cet après-midi. Venez ici. Rapprochez-vous. »

    Ils se mirent tous les quatre autour de la table en bois ronde qui se trouvait au milieu de la pièce. Sur cette table il y avait plusieurs stylos et des feuilles blanches. Bory prit l'un des crayons et commença à écrire leur plan sur un morceau de papier.

    « Dimanche 24 janvier, après-midi : * faire les demandes de patrouilles pour ratisser le bois le lundi 25/01

    *déposer les annonces pour ratissage avec les patrouilles le 25/01 : bénévoles, volontaires...

    *recherche d'indices, au cas où : Spitz & Berhzo partiront de la maison des Sting jusqu'au parking ; Bory & Hirvy dans l'autre sens.

    Lundi 25 janvier : * ratissage du bois par les patrouilles, volontaires, bénévoles

    * Continuer la recherche d'indices en priorité si ce n'est pas fni !!!

    * résultats

    * si confirmation de disparition : commencer les plans de recherche ; tout mettre en œuvre pour la retrouver

    * si seulement perdue et retrouvée, enquête close, dossier classé. »

    « Bon, c'est clair pour tout le monde ? demanda Bory.

    - C'est bon pour moi ! répondirent en chœur Hirvy et Berhzo.

    - Pour moi aussi c'est OK. Mais qu'est-ce qu'on va faire ce matin ? Il n'y a rien de marqué dans le programme... demanda Spitz.

    - Ce matin ? On va aller voir le psychologue du commissariat. Histoire de cerner le caractère d'Ahénolïa, celui de ses parents, leur façon de vivre, d'élever leur fille... En apprendre encore plus sur elle.

    - Tu fais vraiment beaucoup de choses pour cette petite... Tu la connais ?

    - Non. C'est juste les disparitions dans Mira qui... laisse tomber.

    - OK... »

    Ïga était toujours tournée vers la fenêtre et les trois hommes ne pouvaient pas voir son visage. Elle s'était mise dans une position empêchant même Hirvy et Spitz de voir l'expression qu'elle arborait. Hirvy était le « meilleur ami » de Bory. Ils se confiaient tout, se connaissaient depuis très longtemps et avaient été dans la même promotion avant d'être assignés ici, ensemble. Ils venaient tous les deux des Pays-Bas, comme la plupart des membres du commissariat d'ailleurs...

    Mais, il l'avait remarqué, chaque fois qu'ils travaillaient sur la disparition d'un enfant dans la forêt de Mira, en particulier quand c'était une petite fille, elle l'évitait, se renfrognait et ne parlait pas beaucoup en sa présence.

    « Bon, on va descendre dans le bureau de Jarvy. »

    Jarvy était le psychologue du commissariat. Il s'occupait aussi bien des affaires judiciaires les plus affreuses que des questionnements des agents de polices du commissariat. Il était vraiment très doué pour cerner le caractère d'une personne, même sans l'avoir rencontrée avant.

     

     Et Ïga était bien décidée à retrouver Ahénolïa Sting, coûte que coûte... 


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  • Dimanche 25 janvier 2009, 9h53, commissariat de police de Westminston, bureau de Jarvy, psychologue du commissariat.



    Simönn Jarvy était assis à son bureau, regardant le dossier du dernier criminel interné en hôpital psychiatrique. C'était lui, qui avait diagnostiqué sa maladie. Perdu dans ses réflexions, il n'entendit pas Ïga Bory frapper à la porte de son bureau. Elle entra, suivie de ses trois coéquipiers.

    « Simönn, on a un dossier pour toi !

    - Tu sais Ïga, quand tu entres et que tu me dis ça, j'ai simplement l'impression de faire mon boulot ! s'exclama-t-il en éclatant d'un rire franc.

    - Oh ça va ! lui dit-elle en riant à son tour.

    - Bon, qu'est-ce que tu m'amènes, alors ?

    - Une petite fille, Ahénolïa Sting, qui a disparu dans la forêt de Mira.

    - Oh... pauvre petite. Et tu...

    - Shh !

    - Oh oui, excuse-moi. »

    Jarvy était confus d'avoir failli répéter, par inadvertance, un secret que l'agent Bory lui avait confié et lui avait fait promettre, surtout, de le garder pour lui.

    En revanche, Ïga n'en avait pas parlé à Berhzo, Spitz et surtout pas à Hirvy, son plus proche ami. Mais ce dernier n'était pas un psychologue et elle ne voulait pas qu'il s'apitoie sur ce que la jeune femme avait dû endurer.

    Elle continua d'ailleurs à parler du dossier afin de combler le long silence qui s'était installé.

    « Hum... Donc elle a 6 ans, elle a disparu hier matin, aux alentours de 9 heures. On va lancer des demandes de patrouilles et de bénévoles pour commencer à ratisser les bois dès demain.

    - Elle avait déjà fugué auparavant ?

    - Non. C'est la première fois. Mais sa mère nous a donné les potentielles raisons de sa fuite. Spitz les a enregistrées avec son Dictaphone.

    - OK, tu pourras me laisser l'enregistrement pour que je l'écoute plus tard ?

    - Pas de problèmes. Hum... Quoi d'autre ?

    - Ses parents ?

    - Sa mère s'appelle Alésia Sting, 30 ans, mère au foyer, très protectrice et possessive. Son père s'appelle Jimmy Sting, la trentaine aussi, agent immobilier, violent physiquement et verbalement mais pas alcoolique.

    - OK, merci. Tu veux quelque chose de bien précis Ïga ?

    - Un profil psychologique. Il y a de fortes chances pour qu'elle soit partie de son plein gré dans un endroit qu'elle aurait elle-même choisi ou qu'elle ait été enlevée.

    - Ïga...

    - Je sais. On en parlera plus tard.

    - D'accord. »

    Hirvy, Berhzo et Spitz ne comprirent pas de quoi ils parlaient, sur la fin. Ils se lancèrent de nombreux regards interrogateurs mais Ïga était bien résolue à ne rien leur dévoiler.

    Ils sortirent du bureau de Jarvy et, tandis qu'ils marchaient dans les couloirs, Spitz demanda l'heure à Bory.

    « 10h58.

    - Qu'est-ce qu'il nous reste à faire pour ce matin ?

    - Aller rendre le premier rapport au chef. »

    Ils se dirigèrent donc vers le bureau de leur supérieur et y restèrent pendant deux heures à discuter de cette nouvelle affaire et de ce qu'il leur restait à faire avant de se lancer définitivement sur la piste de l'enlèvement.

    Il ne fallait pas négliger cette hypothèse.


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  • Dimanche 24 janvier 2009, 12h46, commissariat de police de Westminston, escalier du premier étage.



    Hirvy et Bory étaient tous deux assis sur la troisième marche de l'escalier du premier étage. Ïan avait décliné l'invitation de ses collègues apour venir manger au fast-food d'en face et avait demandé à Ïga de venir s'asseoir avec lui, sur les marches de cet escalier.

    Ils regardaient à présent le bout de leurs chaussures, ne sachant que faire. Ïga n'avait aucune idée de ce que Ïan avait l'intention de lui dire et ce dernier ne savait pas vraiment par où commencer.

    « Donc, hum, Ïga je voulais te parler un petit peu...

    - Oui, de quoi ?

    - De... enfin... de l'affaire Sting.

    - Ah. Et qu'est-ce que tu voulais savoir ? demanda-t-elle, ne se doutant de rien mais se braquant tout de même, par habitude.

    - Tu la connais ? Ahénolïa Sting ? Réponds moi franchement, s'il te plaît.

    - Non, je ne la connais pas.

    - Alors pourquoi est-ce que tu sembles tellement... comme... attachée à elle ?

    - C'est... compliqué.

    - Ïga nous avons plus d'une heure alors j'ai le temps pour les histoires compliquées.

    - Je... Je n'en parle à personne, à part à Jarvy.

    - Ah. Donc il sait.

    - Oui. Mais ce n'est pas contre toi ! s'empressa-t-elle de répondre, voyant qu'il était déçu de ne pas avoir été mis dans la confidence. C'est juste que je n'aime pas en parler...

    - OK. Alors je suppose que ce n'est pas aujourd'hui que je le saurai. »

    Hirvy commença à se lever pour partir rejoindre ses collègues quand Ïga lui attrapa le bras pour le faire rasseoir.

    « ATTENDS ! Attends. Je vais te le dire.

    - Je ne t'y oblige pas Ïga. Si c'est vraiment trop personnel tu n'es pas obligée de...

    - Si. Il faut que je le dise à quelqu'un. Je veux dire... à quelqu'un d'autre que Jarvy.

    - D'accord. Alors je t'écoute.

    - C'était le 24 mai 1986. J'étais venue avec mes parents ici, à Westminston. J'avais 7 ans et j'habitais toujours en Hollande mais mes grands-parents, eux, vivaient ici. Alors nous venions les voir de temps en temps.

    « Nous avions pris l'apéritif et le repas dehors. Il était midi et il faisait très beau. Très chaud aussi. Je m'ennuyais un peu à table. Tu comprends, il n'y avait pas d'enfants hormis moi. Alors mon père m'a proposé d'aller me promener dans la forêt de Mira. Ce n'était pas la première fois que j'y allais. Mon père et moi nous y promenions souvent quand nous venions à Westminston. C'est une belle forêt. Alors j'ai pris mon manteau, j'ai mis mes bottes, j'ai attrapé un petit panier en osier et je suis partie dans la forêt. Quand mes parents se sont levés de table pour rentrer à l'intérieur il était 18h30 et ils ne me voyaient toujours pas revenir.

    « Quand j'étais dans les bois, je cueillais des champignons. Chaque fois que je me baissais pour en ramasser, j'en voyais d'autres plus loin. Et c'est comme ça que me suis éloignée du chemin. Au bout d'un moment j'ai relevé la tête. Mon panier était plein et j'avais décidé de rentrer. Mais je ne reconnaissais rien. Plus rien. Je ne savais plus où j'étais. Je m'étais tellement éloignée du chemin, tête baissée, que je ne savais même plus par où j'étais venue. J'avais tourné dans tous les sens, sans regarder la route.

    « Je commençais tout juste à paniquer quand j'ai entendu un gros bruit. Une branche venait de craquer derrière moi. Je me suis retournée d'un coup, comme une fusée, et je l'ai vu. Un grand homme. Avec un manteau rouge et une casquette bleu marine qui m'empêchait de voir son visage. Je suis partie en courant. J'ai détalé le plus vite possible mais il avait des grandes jambes et il m'a vite rattrapée. Il a tiré sur le col de mon manteau et j'ai commencé à me débattre, en essayant de lui décocher des coups de pieds... « bien placés ». Mais il était trop fort et trop grand, et je commençais à étouffer. Alors il a sorti un rouleau de Chatterton de sa poche et il a fait trois fois le tour de ma tête avec, en laissant mon nez dégagé pour que je respire quand même.

    « Il m'a pris dans ses bras et il m'a emmenée jusqu'au petit parking en terre. Tu sais celui où on doit commencer la recherche d'indices cet après-midi. Eh bien il avait garé sa Range Rover bleue marine là et il m'a forcée à monter dedans. On a roulé pendant pas mal de temps et il s'est ensuite arrêté devant une jolie maison aux murs rose pâle.

    « Les volets étaient bleus foncé et son allée étaient bordée de mauvaises herbes. La maison tombait presque en ruine mais elle tenait encore debout. Je me demandais bien comment d'ailleurs. Il m'a à nouveau portée dans ses bras et nous sommes entrés dans son taudis.

    - Tu y es restée combien de temps Ïga... ?

    - Trois mois... »

    Ils restèrent assis côte à côte, en silence. Ces souvenirs revenaient à Ïga avec force et Hirvy était tellement choqué et abasourdi qu'il ne savait plus que dire.

    « Quand ils m'ont trouvée j'étais allongée dans la cave de cet homme, sur une table métallique. Il m'avait attaché les bras et les jambes avec des ceintures de cuir, comme dans les hôpitaux psychiatriques. Je portais la même tenue depuis qu'il m'avait attrapée dans les bois. Pendant trois mois je n'avais pas pu bouger. Il me donnait des petits pots pour bébé avec une cuillère pour me nourrir et me faisait faire mes besoins dans une bouteille en plastique. Je ne pouvais rien faire. Et plus je restais allongée ainsi, ne pouvant bouger, plus je devenais faible et incapable de résister.

    « Ils m'ont trouvée comme ça. Je devais être bien pitoyable à voir...

    - Ne dis pas ça Ïga, je t'en supplie.

    - Tu m'aurais vu... Ensuite j'ai passé deux mois à l'hôpital de Westminston et je suis rentrée en Hollande avec mes parents. Ils ont juré de ne plus jamais revenir à Westminston. Ça a fait un choc à mes grands-parents. Je ne les ai presque pas revu depuis. Les rares fois, c'était eux qui étaient venus chez nous. Mes parents ont toujours refusé catégoriquement leurs invitations. En même temps, je les comprends...

    - Oui, ils avaient une sacré bonne raison...

    - Ouais... »

    Ïga avait le regard perdu dans le vide. Elle pensait à Ahénolïa et à ce qu'elle était peut-être en train de subir, en ce moment même. L'agent Bory n'aimait pas les disparitions. Les disparitions d'enfants. Les disparitions dans Mira...

    Des bruits de pas la firent sursauter, elle et Ïan. Tandis qu'elle relevait la tête, Berhzo et Spitz entraient dans le commissariat en brandissant des sachets de fast-food.

    « Vous n'étiez pas au restaurant ? demanda Ïga

     

     - Tu croyais vraiment qu'on allait manger sans vous ? » 


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  • Dimanche 24 janvier 2009, 13h58, parking de la forêt de Mira.

     

    Ïga sortit de sa voiture avec Hirvy tandis que Spitz et Berhzo arrivaient dans leur Range Rover. Dans la petite ville de Westminston, c'était la voiture que l'on voyait le plus souvent.

    Ïga sortit une carte de sa boîte à gants et la déplia, avant de la poser sur le capot de sa voiture. Elle représentait un plan détaillé de la forêt de Mira.

    « Bon. Irvy et Kurt, vous irez devant la maison des Sting et vous commencerez à suivre le chemin qui amène jusqu'à ce parking-ci. Ïan et moi on va faire la même chose en sens inverse.

    - Mais pourquoi est-ce qu'on doit aller jusqu'au parking ? demanda Spitz. On va forcément se croiser sur le chemin.

    - Parce qu'il ne faut louper aucun indice. Aucun, lui répondit Ïga.

    - D'accord.

    - Donc on va faire ça. Emportez plusieurs sacs avec vous, pour y mettre les indices si vous en trouvez. Ça m'étonnerais mais tant pis.

    - OK.

    - Vous avez des questions ?

    - Non, tout est OK pour moi ! dit Hirvy.

    - Idem ! renchérirent Kurt et Irvy.

    - OK. Alors c'est parti ! »

    Ïga replia sa carte prestement, Hirvy sortit une petite caisse noire du coffre de la voiture d'Ïga et tendit à Spitz et Berhzo de nombreux sacs transparents. Ces deux derniers remontèrent dans leur Range Rover et quittèrent le parking en terre afin d'aller à la maison des Sting. Ïan était adossé à la voiture pendant que Bory remettait le plan de Mira dans la boîte à gants.

    « On va d'abord prendre des photos du parking, pour vérifier les traces de pneus. Si elle a été enlevée, son ravisseur est probablement venu en voiture.

    - Pas forcément... Peut-être qu'il habite juste à côté...

    - C'est un enfer à pied. Il faut monter toute la côte à l'aller. Tu imagines redescendre une pente raide, avec une enfant de 6 ans dans les bras. C'est de la folie !

    - Oui, c'est vrai.

    - Donc il faudra prendre des photos de chaque trace de pneus sur ce parking. Sauf celles de notre voiture et de celle de Kurt.

    - D'accord. Quoi d'autre ?

    - On ramasse chaque indice qu'on trouve. Et si on n'est pas sûrs que ce soit vraiment utile, on demande à l'autre, ou on met quand même dans un sac. On ne sait jamais...

    - OK. »

    Ils se mirent donc à prendre de nombreuses photos de chacune des traces de pneus présentes sur le parking. Ce qui désespéra d'ailleurs Ïga, vu le nombre de traces qu'elle photographiait. Mais elle ne perdait pas totalement espoir, se disant qu'ils trouveraient forcément le coupable parmi les propriétaires de l'une de ces voitures. Après tout, les traces qui semblaient être les plus récentes étaient très différentes des autres traces qu'Ïga et Ïan pouvaient trouver autour d'eux.

    Après avoir pris de multiples photos et recueillis très peu d'indices potentiels, Ïga et Ïan se dirigèrent vers la forêt.

    « Tu sais Ïga, si tu préfères que j'y aille tout seul, tu me le dis, il n'y aucun problème...

    - Non, c'est bon. Ça va aller.

    - D'accord. »

    Ils pénétrèrent donc ensemble dans la forêt de Mira, presque collés l'un à l'autre, regardant le sol à la recherche d'indices. Au bout d'une quinzaine de minutes, ils croisèrent enfin Berhzo et Spitz.

    « Alors, vous avez trouvé quelque chose ? leur demanda Ïga.

    - Pas grand chose. On pense qu'elle était sûrement éloignée du chemin quand ça s'est passé, répondit Spitz

    - Oui c'est ce qu'on pensait aussi...

    - Bon... bah on va continuer alors !

    - Oui. Tu peux me passer les clés de ta voitures Kurt ? demanda Ïga

    - Pourquoi ?

    - Pour revenir au parking quand on sera arrivés devant la maison des Sting.

    - Oh, oui bien sûr ! Tiens, les voilà.

    - Merci. »

    Berhzo tendit ses clés de voiture à Ïga et celle-ci lui tendit les siennes.

    « Bon, on finit notre tour et on se retrouve au commissariat, dans mon bureau, avec toutes les photos et les indices.

    - Pas de problèmes ! »

     

     Berhzo et Spitz reprirent le chemin qui conduisait au parking tandis que Bory et Hirvy repartaient vers la maison des Sting. 


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  • Dimanche 24 janvier 2009, 17h08, bureau de Simönn Jarvy, commissariat de police de Westminston.



    Ïga toqua doucement à la porte, comme si elle avait eu peur de réveiller quelqu'un. Simönn leva la tête, surpris, avant de se lever de sa chaise et de venir vers sa collègue.

    « Ah, Ïga ! Tu es venue parler de...

    - Oui et non.

    - C'est à dire ?

    - J'en ai parlé à Ïan. Je lui ai tout raconté. Parce que tu sais, c'est mon meilleur ami et...

    - Comment te sens-tu ?

    - Je ne sais pas. Vidée. Fatiguée. Essoufflée.

    - Tu es heureuse ? Soulagée ?

    - Pas autant que ce à quoi je m'attendais...

    - C'est normal. Tu es trop exigeante Ïga...

    - Je sais. Mais je m'en voulais de ne rien lui dire alors... voilà.

    (...)

    - Je voulais aussi te poser des questions sur l'affaire en cours, poursuivit Ïga.

    - Vas-y, je t'écoute.

    - Est-ce que tu as eu le temps d'établir le profil psychologique de la famille ?

    - Oui, je viens juste de terminer ! D'après ce que j'ai compris, le père ne tient pas à sa fille ni à sa femme. Il paraît violent, colérique. Imprévisible, aussi. Il a l'air de s'emporter rapidement. Je ne comprends pas vraiment pourquoi il s'est marié. Ni pourquoi il a fait un enfant à sa femme. Je me suis dit qu'il avait peut-être espéré avoir un garçon et qu'il a été tellement déçu d'avoir une fille qu'il n'a pas pu s'empêcher de la haïr ainsi que sa femme. Il la rend peut-être responsable de ça.

    « Quant à elle, elle m'a l'air dépressive. Je pense qu'elle commence à avoir peur de son mari mais qu'elle ne veut pas le quitter. Soit parce qu'elle continuer de l'aimer encore, au fond d'elle-même, soit parce qu'elle a peur des représailles. Peut-être qu'elle n'est pas certaine non plus d'obtenir la garde ensuite. Tu m'as dit qu'elle était mère au foyer, donc sans emploi. Elle ne pourrait pas subvenir seule à ses propres besoins et à ceux de sa fille. Elle n'est pas sûre d'en obtenir la garde d'ailleurs... C'est sûrement ce qui l'a pousse à rester. Elle a l'air d'avoir ses petites habitudes et d'y être attachée. Je pense qu'elle se laisserait vite aller si on ne retrouve pas vite sa fille.

    « Quant à la petite, elle est téméraire. Elle n'aime pas qu'on la contredise ni qu'on pointe du doigt ses défauts, même si elle en est consciente. Elle est narcissique et elle a l'air d'avoir beaucoup de fierté. Elle ne laissera pas faire par celui qui l'a enlevée et cherchera tous les moyens possibles de s'échapper même s'ils sont dangereux.

    - Autre chose ?

    - Oui ! J'ai trouvé des similitudes avec d'autres affaires non résolues. Toutes à Westminston. En 3 ans, 12 autres enfants ont été enlevés dans la forêt de Mira. Mais on a jamais pu les retrouver. Ni les enfants, ni leur ravisseur.

    - Rien ?

    - Non. Ces enquêtes avaient été confiées au commissariat d'une autre ville, à côté de Westminston.

    - Mais la forêt de Mira appartient à noter ville ? Les disparitions qui ont lieu dedans nous concernent !

    - Oui mais, va savoir pourquoi, ils ne nous les ont pas confiées !

    - Merci Simönn.

    - De ?

    - D'avoir fait tout ça aussi vite.

    - Je sais que ce genre d'affaires te tient à cœur Ïga. Si tu veux continuer d'en parler, tu sais que la porte de ce bureau te sera toujours ouverte.

    - Oui je sais. Et je ne te remercierai jamais assez pour ça.

    - C'est une bonne chose tu sais. D'en avoir parlé à Ïan. Parce que tu le vois tous les jours, ou presque. Et que dès que tu en as envie, dès que quelque chose te tracassera, je sais qu'il sera là pour t'écouter et t'aider.

    - Oui...

    - Allez, bonne chance Ïga. Je suis sûr que vous allez la retrouver.

    - Oui. »

     

     Ïga serra brièvement Simönn dans ses bras avant de sortir du bureau. Elle savait maintenant qui elle avait eu peur de réveiller en frappant trop fort à la porte : ses vieux Démons...


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